Boeing et Lockheed-Martin contestent l’attribution du contrat du futur bombardier de l’US Air Force

Il fallait s’y attendre : Boeing, dont les activités militaires sont en difficulté, et Lockheed-Martin ont déposé, auprès du Government Accountability Office (GAO), une protestation officielle contre l’attribution à Northrop-Grumman du contrat concernant le futur bombardier furtif de l’US Air Force, encore appelé LRS-B (Long Strike Range Bomber) . Les deux groupes industriels avaient déposé une offre commune pour tenter de remporter ce marché, évalué à plus de 80 milliards de dollars (74,5 milliards d’euros).

Étant donné que le programme LRS-B doit faire appel à des technologies arrivées à maturité et conçu selon une architecture ouverte afin d’intégrer de futures fonctionnalités, le choix du Pentagone paraît logique dans la mesure où Northrop Grumman a déjà acquis une solide expérience en développant le B-2 Spirit, actuellement en service au sein de l’US Air Force.

En outre, Northrop Grumman semble avoir soumis l’offre la plus économique par rapport à celles de ses concurrents, le prix unitaire du bombardier qu’il a proposé étant de 511 millions de dollars (de 2010), soit un niveau bien inférieur à la limite des 550 millions voulue par le Pentagone.

Mais cela est contesté par Boeing et Lockheed-Martin, qui, dans un communiqué, ont affirmé être « parvenus à la conclusion que la procédure du Long Range Strike Bomber a été fondamentalement vicié ». Et cela, une semaine après un « briefing » avec le Pentagone au cours duquel les deux industriels ont obtenu des détails sur les modalités de l’attribution du contrat en question.

« Cette évaluation viciée est ce qui a mené à la sélection de Northrop Grumman aux dépens de l’équipe Boeing-Lockheed Martin, leader de l’industrie, dont la proposition offre au gouvernement (…) le meilleur LRS-B à un coût unique mettant fin aux tendances de coûts prohibitifs des acquisitions militaires par le passé », ont ainsi plaidé les deux partenaires.

S’agissant de la maîtrise des coûts, Boeing et Lockheed-Martin, n’ont pas tellement de leçons à donner. Ceux du programme KC-46 Pegasus [ndlr, le futur avion ravitailleur de l’US Air Force] ont dérapé tandis que ceux du Joint Strike Fighter, autrement dit du F-35, ont explosé. Comme on dit, chat échaudé craint l’eau froide…

Mais Boeing n’a rien à perdre et tout à y gagner en contestant l’attribution de ce contrat. Ce constructeur a d’ailleurs l’habitude de ce type de procédure : il y avait eu recours pour contester l’octroi au tandem EADS/Northrop Grumman du marché des futurs avions ravitailleurs de l’US Air Force. Et il avait eu finalement gain de cause…

Le GAO a maintenant 100 jours pour examiner les arguments avancés par Boeing et Lockheed-Martin et rendre une décision. Cette dernière est attendue avec sérénité par Northrop Grumman, qui n’a pas manqué de rappeler qu’il avait proposé « une approche, qui, intrinsèquement plus abordable et basée sur des performances et des capacités démontrées, est en contraste avec celle suivie pour des grands programmes d’avions menés par d’autres fabricants au cours de la dernière décennie ».

« Comme nous sommes la seule entreprise à avoir construit un bombardier furtif, nous avons offert la meilleure solution pour la sécurité de notre nation », a fait valoir Randy Belote, un vice-président de Northrop Grumman, chargé de la communication.

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