Les devis hallucinants proposés pour le nouveau siège du ministère de la Défense

Le 5 novembre, le président Hollande inaugurera l’Hexagone-Balard, c’est à dire le nouveau centre névralgique des forces armées françaises dans la mesure où il regroupe tous les états-majors et autres directions du ministère de la Défense. Et cela, afin de libérer les emprises jusque-là occupées à Paris pour les revendre et générer ainsi des recettes dites exceptionnelles

En outre, il a été avancé que le regroupement des états-majors et des services du ministère de la Défense allait permettre de réaliser des économies… Dont le montant reste encore difficile à évaluer.

Pour financer ce chantier de 600 millions d’euros, un Partenariat Public Privé (PPP) a été notifié au groupement Opale Défense, emmené par Bouygues. En clair, le ministère de la Défense s’est engagé à verser, pendant 27 ans, une redevance de 154 millions d’euros. Ce montant, outre les coûts de construction, prend en compte des services annexes, comme l’entretien, la restauration ou encore la gestion du parc informatique. Et c’est là que le bât blesse…

Lors de l’audition, à l’Assemblée nationale, des représentants syndicaux du personnel civil du ministère de la Défense, plusieurs problèmes et dysfonctionnements ont été évoqués.

Ainsi, Christophe Henry, secrétaire général adjoint de la FEAE-CFDT, a mis en avant les problèmes de transport, qui affectent aussi bien les militaires que les personnels civils. « Le site est desservi par une seule station de métro, située sur la ligne 8. Je ne sais pas quelle peut être la solution, mais c’est une catastrophe », a-t-il dit.

Mais ce n’est que la mise en bouche… « On nous a également signalé des dysfonctionnements en matière de climatisation et d’informatique. Et la délivrance des matériels n’est pas du tout au point », a poursuivi M. Henry. Et il y aurait aussi beaucoup à redire sur la restauration des agents civils du ministère puisque ces derniers ont vu le « prix de leur plateau multiplié par deux ». Et de préciser : « Les  conditions de travail des employés de l’entreprise privée qui assure le service de restauration sont déplorables, notamment en raison d’un manque de personnel. »

Le sécrétaire FO-Défense, Gilles Goulm, n’a pas mâché ses mots non plus. « Une réflexion très approfondie devrait être menée sur l’externalisation à outrance de nos moyens de soutien », a-t-il estimé, avant de rappeler que « Balard (…) a été entièrement externalisé et filialisé par Bouygues au sein d’une société nommée Opale, par laquelle doivent passer l’ensemble des dispositions de soutien. »

Et visiblement, Opale Défense n’y va pas avec le dos de la cuillère dans ses devis. Au point que, disons le mot, ça en est indécent.  » Il en coûte ainsi 600 euros pour rectifier la pose d’une porte, 150 euros pour ajouter une prise électrique ou 5.000 euros pour installer une télévision dans le bureau du chef d’état-major de l’armée de l’Air. Et j’en passe et des meilleures », a lâché Gilles Goulm.

Une information confirmée, ce 4 novembre, par l’hebdomadaire Challenges, qui cite l’exemple d’un devis de 13.613,21 euros pour l’installation d’une imprimante et d’un scanner dans un bureau, dont 8.146 euros pour le matériel et sa maintenance sur 60 mois, le reste étant des frais pour la mise en place de deux prises de courant (2.274 euros) et leur maintenance sur 26 ans (3.194 euros)…

Justement, le responsable de FO-Défense a abordé la question du système informatique… pour dire qu’il « ne fonctionne pas ». « Heureusement que la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) est là pour régler les problèmes que l’entreprise n’est pas capable de résoudre! », a-t-il dit aux députés.

« Sachez qu’il y a deux mois de cela, elle installait à peine 60 postes informatiques par jour alors qu’elle devait, aux termes du contrat, en installer 250… Ainsi, bien que le chantier soit entièrement externalisé, 1.000 agents de la DIRISI travaillaient, il y a encore un mois et demi, à temps complet sur les installations téléphoniques et informatiques de Balard! », s’est encore indigné M. Goulm.

En tout cas, il est clair que le ministère de la Défense dépensera plus que les 154 millions de redevance annuelle en 2016. Le secrétaire général pour l’administration, Jean-Paul Bodin, l’a d’ailleurs admis lors de son audition par les députés de la commission de la Défense.

« La dépense sera plus importante en 2016 parce que nous aurons à payer un certain nombre de travaux d’aménagements demandés par les uns et les autres au moment de leur installation », a-t-il prévenu.

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