Favori du Parti républicain pour la Maison Blanche, Donald Trump a le F-35 dans son collimateur

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Milliardaire, magnat de l’immobilier, ex-« star » d’une émission de téléréalité, Donald Trump a longtemps été en tête des intentions de vote pour la primaire du Parti républicain, avant d’être récemment dépassé de peu par Benjamin Carson, neuro-chirurgien reconnu aux positions très conservatrices et dont la particualité est d’être le seul candidat noir à la Maison Blanche pour 2016.

D’ici un an, les choses ont donc encore le temps d’évoluer, d’autant que d’autres candidats sont loin d’avoir dit leur dernier mot dans cette longue campagne électorale. Et il faut s’attendre à d’autres déclarations tonitruantes de Donald Trump, qui a le don de la provocation pour faire parler de lui.

Au point que, parfois, on peut se demander s’il pense vraiment ce qu’il dit ou bien s’il s’agit d’attirer les projecteurs : pendant que les médias passent leur temps sur son cas, ils ne s’occupent pas – ou moins – de ses adversaires.

Cela étant, Donald Trump est avant tout un entrepreneur, tout en ayant le sens du « show » et de l’autodérision. Et il se présente comme un « gagnant » (« loser » – perdant – étant, dit-on, son insulte préférée). Ajoutons à cela une pointe de populisme et il y a de quoi séduire une part importante d’un électorat, lassé par le discours politique traditionnel.

« Reconstruire les infrastructures de ce pays, personne ne peut le faire comme moi, croyez-moi. Ce sera fait dans les temps (…) à un prix bien inférieur à ce que n’importe qui pourrait imaginer. Je regarde ces routes qui sont construites partout dans le pays et je me dis que je pourrais construire ces trucs pour le tiers du prix », a-t-il ainsi déclaré le 16 juin 2015.

Même s’il ne dit pas comment il arriverait à obtenir des routes pour trois fois moins cher, on peut lui donner un certain crédit puisqu’il est « de la partie ». Mais là où ça risque de coincer, c’est quand Donald Trump dit peu ou prou la même chose pour les programmes d’armement…

Ainsi en a-t-il été de celui de l’avion de combat F-35 Lightning II, qui, en cours de développement et décliné en trois versions, est appelé à devenir l’épine dorsale non seulement de l’aviation américaine mais aussi celle de plusieurs forces aériennes européennes (Royaume-Uni, Italie, Norvège, Pays-Bas) et asiatiques (Corée du Sud, Japon).

Comme on le sait, ce programme lancé en 2001 accumule les retards et les surcoûts et autres déconvenues en raison de différents problèmes rencontrés lors de son développement. À tel point qu’outre-Atlantique, on le surnomme le « trillion program ». Cela dit, il fallait s’y attendre, au vu du défi technologique que cet appareil doit relever…

Mais, apparemment, le F-35 est dans le collimateur du candidat Donald Trump. Et l’avion de Lockheed-Martin a récemment fait l’objet de commentaires au vitriol de sa part.

« Quand ils disent qu’il ne peut pas fonctionner aussi bien que les avions que nous avons déjà, que faisons nous à dépenser autant d’argent », a-t-il lancé lors d’une émission radiodiffusée, en réponse à une question portant sur les 160 milliards de dollars de dépassement du budget initialement prévu pour le F-35.

« J’entends dire qu’il [le F-35] n’est pas très bon. J’entends que nos avions existants sont mieux. Et l’un des pilotes d’essais a dit qu’il n’est pas aussi bon que ceux que nous avons déjà (…) qui sont beaucoup moins chers », a-t-il insisté, en faisant référence à un rapport confidentiel qui, ayant « fuité » il y a quelques semaines, indiquait que le F-35 avait été mis en difficulté avec un F-16 lors d’une séance de combat aérien rapproché.

« Alors, quand j’entends ça, immédiatement, je dis que nous faire quelque chose. Parce que vous savez, ils dépensent des milliards. Ce n’est qu’un avion. Il n’y a jamais eu quelque chose comme ça en termes de coût », a encore affirmé M. Trump.

Est-ce à dire, s’il succède à Barack Obama, que le magnat de l’immobilier annulerait le programme F-35? On pourrait le croire, même si cela paraît inimaginable, tant les répercussions seraient énormes. Et pour le coup, comme ce projet est déjà bien avancé, il est de toute façon trop tard. À moins de faire une croix sur les milliards de dollars déjà investis. En outre, la nouvelle serait loin de ravir la Royal Navy, les Néerlandais et les Norvégiens, eux qui ont misé exclusivement sur cet appareil.

S’agissant des capacités de combat aérien rapproché, elles ne sont pas primordiales pour le F-35. L’US Air Force ne l’a d’ailleurs jamais caché. Le 16 septembre dernier, le général Herbert « Hawk » Carlisle, le patron de l’Air Combat Command, l’a encore rappelé.

Ainsi, les missions de supériorité aérienne reviendront toujours aux F-22 Raptor, conçus pour cette tâche et dont le général Carlisle a dit regretter de ne pas en disposer suffisamment (180 exemplaires en service). Pour autant, le F-35 pourra engager des cibles sans être détecté (du moins en théorie) au-delà de la portée visuelle (BVR). Ce qui lui permettrait d’éviter d’être pris dans un combat aérien rapproché (dog fight).

En tout, Donald Trump risque de donner du fil à retordre aux responsables du Pentagone, qui a affirmé, en 2011, qu’il ne fallait aller à la guerre « que pour gagner ». En juin dernier, le milliardaire avait prévenu : »Personne ne serait plus dur que moi sur l’EI [ndlr, État islamique], personne! Je trouverais le général Patton, le général MacArthur, je trouverais le bon mec. Je trouverais le mec qui va prendre en main le militaire et le faire vraiment fonctionner ».

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