L’US Navy envoie un destroyer près des îlots artificiels construits par Pékin en mer de Chine

lassen-20151027

La souveraineté sur l’archipel des Spratleys, en mer de Chine méridionale, est revendiquée par Pékin ainsi que par d’autres pays de la région, comme le Vietnam, les Philippines, Taïwan, Bruneï et la Malaisie.

Aussi, quand le gouvernement chinois y fait aménager des îlots artificiels vraisemblablement à des fins militaires, nombreux sont ceux qui s’inquiètent d’un possible coup de force et d’être mis devant le fait accompli.

D’autant plus que cet archipel des Spratleys, en plus de receler, selon les estimations, d’importantes ressources halieutiques et de réserves d’hydrocarbure, occupe une position stratégique, au carrefour des voies maritimes utilisées pour le commerce mondial. En outre, il s’agit aussi pour Pékin de s’assurer d’une zone de déploiement sécurisée de ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), basés sur l’île de Hainan.

Depuis plusieurs mois, la Chine a ainsi aménagé 1.200 hectares de terrains artificiels dans cet archipel. Une piste de 3.000 mètres a été construites sur le récif de Fiery Cross, désormais appelé le « second porte-avions chinois ».

Selon les estimations du Pentagone, Pékin a fait remblayer « 17 fois plus de terres en 20 mois que ce que tous les autres pays » qui revendiquent aussi les Spratleys « ont fait en 40 ans ».

Or, les États-Unis, comme d’autres puissances de la région Asie-Pacifique (dont la France), sont préoccupés par de possibles restrictions de navigation en mer de Chine méridionale.

« Je vais être clair: les Etats-Unis n’accepterons pas de restrictions à la liberté de navigation et de survol, ou à d’autres moyens légaux en mer. Il s’agit de droits intrinsèques que nous partageons tous », a récemment rappelé John Kerry, le chef de la diplomatie américaine.

Quelques semaines avant cette déclaration, un avion de patrouille maritime P-8 Poseidon du Patrol Squadron 45 de l’US Navy, avait survolé le récif de Fiery Cross, dans la zone contestée, ce qui donna lieu à un des échanges par radio tendus avec l’armée chinoise.

Car il ne suffit pas d’aménager des polders sur des îlots inhabités pour en revendiquer la souveraineté sur leurs eaux et leur espace aérien : la Convention de Nations unies sur le droit de la mer n’est valable que pour les îles naturelles.

Par conséquent, afin de contester la souveraineté chinoise sur ce territoire, la marine américaine avait indiqué étudier la possibilité d’envoyer des navires de sa VIIe Flotte patrouiller à moins de 12 milles des récifs occupés par la Chine.

C’est ainsi que le destroyer lance-missiles USS Lassen, appartenant à la classe Arleigh Burke, s’est approché, ce 27 octobre, à moins de 12 milles de ces îlots artificiels, c’est à dire dans les eaux territoriales revendiquées par Pékin.

« Nous opérons de manière habituelle en mer de Chine méridionale et nous naviguerons dans les eaux internationales quand nous le souhaitons », a fait valoir un responsable américain.

La réaction de Pékin e a été immédiate. Le destroyer américain « est entré illégalement et sans permission » dans les eaux territoriales de la Chine, a déclaré Lu Kang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Et cela « constitue une menace pour la souveraineté de la Chine et pour ses intérêts sécuritaires », a-t-il ajouté, en soutenant que la souveraineté de son pays sur l’archipel des Spratleys est « indiscutable ».

Aussi, a continué ce porte-parole, Pékin « s’oppose absolument à ce qu’un pays tiers utilise la liberté de navigation et de survol comme un prétexte pour porter atteinte à la souveraineté nationale de la Chine ou à ses intérêts sécuritaires ». Et d’assurer que les autorités chinoises « répondront de façon résolue à toute action provocatrice ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]