Les cadences infernales des fusiliers marins

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La suractivité des militaires de l’armée de Terre et de l’armée de l’Air a déjà été évoquée dans ces colonnes. Restait à parler de celle des marins, sachant que la Marine nationale, comme les deux autres forces précédemment citées, est en dépassement de son contrat opérationnel, fixé par le dernier Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale.

Dans un avis concernant les crédits destinés à la Marine nationale pour l’année 2016, le député Gwendal Rouillard a fait référence à une étude récente selon laquelle « les marins travaillent en moyenne 54 heures par semaine ». Par exemple, ceux qui servent à bord d’une frégate « assument 180 jours de contrainte par an ».

S’agissant des fusiliers marins, les cadences sont aussi très élevées : chargés en particulier de la protection des sites sensibles de la Marine, ils assurent « 70 heures de garde auxquelles s’ajoutent 37 heures d’astreinte à 2 heures » pour une « solde proche du SMIC ».

En clair, s’il fallait appliquer stricto sensu la réglementation en matière de temps de travail, il faudrait au minimum doubler les effectifs de fusiliers-marins étant donné qu’il font deux semaines de 35 heures en une seule!

Il fait dire que les 2.300 personnels de la FORFUSCO (Force des fusiliers marins et commandos) ont du pain sur la planche. Ainsi, 1.250 fusiliers-marins sont affectés en permanence, aux côtés de 220 gendarmes maritimes, à la surveillance et à la protection des points d’importance vitales (PIV) sur le territoire national. Ce type de mission mobilise 220 d’entre eux outre-Mer et à l’étrangers, lors de projections de courte durée (environ 4 mois).

Dans le cadre du plan Cuirasse, lancé à la suite des attentats commis à Paris en janvier dernier, des fusiliers marins participent au renforcement de la surveillance d’installations de la défense. Enfin, ils sont également sollicités pour l’opération intérieure Sentinelle.

Enfin, la FORFUSCO arme également des équipes de protection embarquées (EPE), chargées d’assurer la protection des navires civils dans les zones dangereuses, ainsi que des équipes de protection et de renfort (EPR), cette fois au profit des bâtiments militaires.

Sur ce dernier point, le député souligne que le « nombre d’EPR augmente chaque année compte tenu de la réduction des équipages sur les bâtiments de nouvelle génération et de l’élargissement des zones à risque ».

Cela étant, l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 prévoit une légère hausse des effectifs de fusiliers marins, avec 420 postes supplémentaires dès 2015. Mais encore faut-il, dans le même temps, éviter les départs.

D’où la mise en oeuvre d’un « plan » visant à fidéliser les fusiliers marins, tentés de partir faire carrière dans le civil en raison de la faiblesse de leur rémunération et des contraintes liées à leur spécialité.

« Nous avons également élaboré un grand plan destiné à développer l’attractivité du métier de fusilier. (…) Nous avons besoin de spécialistes de la protection, en particulier dans la situation actuelle. Nous avons donc décidé de favoriser la mobilité des fusiliers marins : désormais, ils changent régulièrement de centre, partent en OPEX pour garder, avec les fusiliers de l’air, les avions de l’aéronautique navale et participent à la protection embarquée des bâtiments que nous devons protéger contre la piraterie », a ainsi récemment expliqué l’amiral Bernard Rogel, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM) aux députés de la commission de la Défense.

A priori, d’après M. Rouillard, ce plan donne, pour le moment, de bons résultats. Mais, a-t-il prévenu, ils sont « tempérés par une plus grande sensibilité aux déficits en personnel, laquelle s’est accrue avec la mise en place de renforts faisant suite aux attentats de janvier 2015 ». Et d’ajouter : « Cette tension sur les effectifs a un impact direct sur les cycles d’activité et le rythme de travail du personnel, diminuant ainsi les bénéfices attendus en termes de projection, de préparation opérationnelle et finalement d’attractivité ».

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