Le chef d’état-major de l’armée de Terre veut avoir son mot à dire sur le choix du successeur du Famas

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Normalement, une première commande d’armes individuelles futures (AIF) devrait être passée l’an prochain pour remplacer le Famas, le fusil d’assaut actuellement en dotation au sein des forces armées françaises. Un appel d’offres européen a été ouvert à cette fin et les différents modèles proposés seront évalués de près par la Direction générale de l’armement (DGA) et le Service technique de l’armée de Terre (STAT).

Seulement, aucun des candidats ayant soumis une offre n’est français. Ce qui étonne certains élus, de droite comme de gauche… Et c’est ainsi que le remplacement du Famas pourrait être l’objet d’un enjeu politique. Deux députés ont ainsi récemment écrit au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour plaider en faveur de l’achat d’un fusil de conception française.

« Alors que, depuis 1717, le fusil français fait la force et la fierté de nos armées, le Gouvernement envisage de remplacer le Famas par un fusil étranger. (…) Son remplacement est-il si urgent? », a ainsi fait remarquer et demandé le député Jean-Jacques Candelier, lors de l’audition du général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre, dans le cadre de l’examen des crédits destinés à la Défense pour 2016.

Par ailleurs, l’armée allemande envisage de remplacer son fusil G-36 en raison de ses mauvaises performances. Là encore, la tentation pourrait être grande de mutualiser une commande avec cette dernière…

« L’Allemagne a récemment annoncé son intention de remplacer son G36. Nous sommes en mesure d’échanger avec elle sur les spécifications principales de l’AIF et, le moment venu, de lui faire part des résultats des essais techniques effectués à Bourges et de notre choix, sans compromettre la compétition », a expliqué, aux députés, Laurent Collet-Billon, le Délégué général pour l’armement.

Et d’ajouter : « L’idéal serait que l’Allemagne, qui s’intéresse au dossier, se cale sur nos spécifications et rejoigne nos critères de choix, ce qui pourrait créer une conjonction favorable pour la communauté des armes. »

Cela étant, le général Bosser semble justement craindre les interférences politiques (et politiciennes) dans ce dossier. « Depuis le mois de juin, je vois grandir l’inquiétude. C’est l’achat des Ford Ranger qui a lancé l’alerte : pourquoi l’armée de terre n’achète-t-elle pas français? Le ministre a répondu à cette question ; en outre, aucun constructeur automobile français n’est intéressé par un segment de 4 000 véhicules », a-t-il commencé par rappeler.

« On retrouve la même problématique à propos de l’AIF : pour la première fois de leur histoire, les armées françaises vont acquérir un fusil étranger. Symboliquement, l’interrogation a du sens : on est capable de construire des hélicoptères et des avions d’excellente technologie, mais nos constructeurs ne sont plus capables de fabriquer un canon de fusil de guerre, alors même que la chasse est une tradition bien ancrée dans la population française. Nous avons perdu ce savoir-faire; c’est pourquoi seuls les constructeurs européens – qui le possèdent encore – ont répondu à l’appel d’offres », a poursuivi le CEMAT.

Aussi, sa position est claire. « Je souhaite cependant que le chef d’état-major de l’armée de terre ait son mot à dire dans le choix de ce fusil, afin de ne pas imposer à nos soldats une arme dont je ne veux pas », a affirmé le général Bosser. Reste à voir si le message sera bien reçu.

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