Des officiers de l’US Navy à bord du porte-avions chinois

Il est regrettable de voir des personnes qui se veulent sérieuses prendre pour argent comptant tout ce qui peut se dire sur les réseaux sociaux, où des sites Internet font la promotion d’informations erronées quand ils ne donnent pas dans une propagande éhontée.

Ainsi, la semaine dernière, un docteur en sciences politiques qui dirige un cabinet de conseil en intelligence stratégique, a livré à l’hebdomadaire Le Point une analyse en partie basée sur la présence à Tartous, en Syrie, du Liaoning, l’unique porte-avions de la marine chinoise, avec des « chasseurs bombardiers J15, un millier d’hommes et des hélicoptères d’attaque ».

Seulement, le ministère chinois des Affaires étrangères a fermement démenti ce qui n’est qu’une rumeur. « Pour autant que je sache, nous n’avons pas de tels projets. Le porte-avions Liaoning accomplit toujours des missions scientifiques », a affirmé son porte-parole.

Et pour cause : la marine chinoise est encore loin d’avoir sa dotation complète de chasseurs J-15 pour armer son porte-avions (14 livrés sur les 24 attendus). Dans ces conditions, on voit mal comment elle pourra engager son navire dans les opérations en Syrie. D’autant plus que, aux dernières nouvelles, il n’a pas été vu transiter par le canal de Suez. Si tel avait été le cas, on en aurait sûrement entendu parler (avec des photographies à l’appui).

Qui plus est, il n’est absolument pas dans les plans de Pékin de s’impliquer militairement aux côtés de Moscou en Syrie. Le 8 octobre, la diplomatie chinoise a une nouvelle fois affirmé son soutien à une solution politique à la crise syrienne.

Donc, il n’y a pas plus de porte-avions chinois à Tartous que de calembours dans un rapport de la Cour des comptes. Et 27 officiers de l’US Navy peuvent en témoigner puisqu’ils ont été reçus à son bord le 19 octobre avant de visiter, le lendemain, l’école des sous-mariniers de la marine chinoise.

Jusqu’à présent, seuls l’ex-secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, et le chef d’état-major de la Marine nationale, l’amiral Bernard Rogel, avaient été invités à bord du porte-avions chinois.

Avec cette visite d’officiers de l’US Navy, l’état-major chinois n’a fait rendre que la politesse à son homologue américain étant donné que, en février, une délégation chinoise avait été accueillie aux États-Unis pendant une semaine.

La réception en Chine de ces officiers américains a eu lieu alors que l’aménagement à des fins militaires, par Pékin, d’îlots de l’archipel Spratleys, est source tensions. D’ailleurs, la Marine américaine envisagent de mener des patrouilles dans la limite des 12 milles de ces constructions artificielles illégales.

Pour rappel, Pékin revendique sa souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, ce qui inquiéte les pays riverains, qui affirment également leurs droits sur cette zone stratégiquement importante étant donné qu’elle le carrefour de routes maritimes essentielles pour le commerce mondiale et qu’elle dispose de réserves substantielles de pétrole et de gaz.

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