Les missions très risquées des équipages de Mirage 2000 dans le nord de l’Irak

chammal-20150417

L’activité des aviateurs déployés sur la Base aérienne projetée (BAP) en Jordanie est très intense. Pour rappel, un détachement (DETCHASSE) de 6 Mirage 2000 D et N y ont été affectés dans le cadre de l’opération Chammal, pour effectuer des missions contre les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh), essentiellement dans le nord de l’Irak

Selon Marie Récalde et Alain Marty, deux députés qui y ont fait un déplacement à la mi-septembre, le détachement de l’armée de l’Air assure 24 sorties par semaine, soit une moyenne hebdomadaire de 72 heures de vol par avion.

Ce qui fait que, depuis qu’il est présent en Jordanie, c’est à dire depuis la fin novembre 2014, le DETCHASSE a effectué près de la moitié des 1.100 missions aériennes au compteur de l’opération Chammal et a détruit 300 des 350 objectifs détruits par l’aviation française.

Les Mirage 2000N et D ont été sollicités presque exclusivement pour des frappes au sol, que ce soit dans le cadre de missions de Close Air Support (CAS, appui aérien rapproché) ou contre des objectifs dits d’opportunité. Dans 5% des cas, ils participent à des raids contre des objectifs préalablement identifiés.

En outre, le député Alain Marty a souligné le « stress lié à la situation tactique » car, étant donné la nature du théâtre des opérations, « il n’existe (…) aucune zone sûre en cas d’éjection des équipages ». Or, a-t-il ajouté, « les Mirage 2000 étant mono-réacteurs, la crainte d’une panne compromettant le vol est en permanence présente à l’esprit ».

Ce qu’a confirmé le nouveau chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), le général André Lanata, lors de son passage devant les députés de la commission de la Défense dans le cadre de l’examen du projet de loi de finance 2016.

« J’ai bien conscience de la situation tactique et des dangers inhérents au survol d’une zone hostile. C’est la raison pour laquelle nous accordons une attention particulière à la capacité de sauvetage en zone hostile, qui est aujourd’hui principalement assurée par les Américains sur les théâtres syrien et irakien. Nous sommes en effet parfaitement conscients des conséquences humaines et politiques de l’éventuelle capture d’un équipage », a ainsi affirmé le général Lanata.

Mais il n’y a pas que le risque de panne qui est dans les esprits. En effet, le CEMAA a également indiqué que des avions « en opération » avaient « essuyé des tirs de petit calibre en République Centrafricaine » (sans préciser le type des appareils concernés) et que des « tirs de missiles » avaient été « détectés par les systèmes d’armes des avions » au Levant, comme d’ailleurs en Libye et en Afghanistan.

Il s’agit-là d’une confirmation : en avril, il avait été fait état de tirs de missiles SA-7 de type MANPADS (Man-portable air-defense systems) par les jihadistes de l’EI contre des Mirage 2000D. Cette menace oblige les équipages français à voler à des altitudes de 3.700 à 4.200 m, ce qui correspond à la portée maximale de ces engins.

En outre, il faut aussi compter sur l’accumulation de la fatigue, susceptible d’être source d’erreur. « Le contrat opérationnel exigeant couplé à des vols longs – cinq heures en moyenne – mobilise durablement les personnels navigants ainsi que les équipes au sol chargées de la maintenance et de la préparation des opérations », a ainsi relevé Alain Marty, qui a mis en avant le fait que « les ressources humaines sont dimensionnées au plus juste, puisque 230 personnes, dont dix équipages et 68 mécaniciens, font voler les six appareils » et que, ainsi, « certaines spécialités transverses sont ainsi assurées par une seule personne ».

Pour Mme Récalde, les « conditions opérationnelles, particulièrement sévères, pèsent sur les hommes et les matériels. Les conditions climatiques ainsi que la qualité de certaines infrastructures (…) sont des défis quotidiens », avec des « températures sous abri » pouvant atteindre « les 58°C en août ».

Et d’ajouter : « Pénible pour les hommes, la chaleur pose également des problèmes de gestion des matériels et des équipements, qu’il s’agisse du stockage ou du fonctionnement d’appareils sensibles aux températures extrêmes tels que les systèmes d’information et de communication ». Sans oublier le sable, qui « infiltre les matériels, peut également compliquer leur maintenance ». Mais les mécaniciens assurent : le taux de disponibilité des avions est de 90%.

Pour rappel, le dispositif aérien de l’opération Chammal s’appuie sur deux pôles : la Base aérienne projetée en Jordanie et la base d’Al-Dhafra, aux Émirats arabes unis, d’où sont mis en oeuvre 6 Rafale ainsi qu’un avion de patrouille maritime Atlantique 2.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]