Le programme de rénovation des avions de patrouille maritime Atlantique 2 en grande difficulté

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Sur les 27 avions de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2)livrés à la Marine nationale, il a été décidé d’en rénover d’abord 22 exemplaires. Puis, la dernière Loi de programmation militaire (LPM) a revu cette cible à la baisse, avec seulement 15 unités devant être modernisées.

Outre le fait qu’il peut être sollicité pour des missions relevant de l’Action de l’État en mer (AEM), l’Atlantique 2 est un appareil indispensable pour les opérations de la Marine nationale dans la mesure où il assure la protection des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Force océanique stratégique (Fost) à l’approche de la base de ces derniers.

Qui plus, cet avion est utilisé pour des missions missions ISR (Intelligence, surveillance, reconnaissance) et peut même effectuer des frappes, comme cela a été le cas au Mali (Serval) et, plus récemment, dans le nord de l’Irak (Chammal).

Aussi, le programme de rénovation dont cet appareil fait actuellement l’objet est donc d’une importance capitale. Les Britanniques, qui ont fait le choix – contesté – de supprimer leurs avions de patrouille maritime le regrettent amèrement aujourd’hui….

Cette modernisation, qui ne concerne donc plus que 15 ATL2, consistent à traiter les obsolescences et à intégrer de nouveaux équipements (système de combat, calculateur tactique, capteurs divers, boule optronique, capacités de traitement des bouées de détection sous-marin, radar, etc…).

Seulement, tout ne se passe pas comme prévu. Lors des débats portant sur l’actualisation de la LPM 2014-2019, l’amiral Bernard Rogel, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), avait tiré la sonnette d’alarme.

« Leur taux de disponibilité ne s’élève qu’à 25 %, ce qui n’est pas satisfaisant. La rénovation engagée les accapare, tandis que la surchauffe opérationnelle, au Sahel et en Irak, explique également ce faible taux. Moins les avions disponibles sont nombreux, plus vite ils s’usent dans des rotations », déplorait-il, avant de soulever la question de la capacité de l’Atelier industriel de l’aéronautique de Cuers-Pierrefeu à mener à bien le programme de rénovation des ATL2.

Plus de 4 mois plus tard, les préoccupations sont toujours les mêmes. Invité à s’exprimer devant les députés de la commission de la Défense, le Délégué général pour l’armement (DGA), Laurent Collet-Billon, n’a pas manqué d’en faire part.

« S’agissant de la rénovation de l’ATL2, nous sommes préoccupés : ce programme, qui est de l’ordre de 700 millions d’euros, se déroule avec difficulté à Cuers », a-t-il dit. « La charge de travail est très importante, à la fois sur l’électronique et la cellule de l’aéronef, qui est complexe : le système de combat doit être revu de fond en comble et nous sommes peut-être allés un peu loin dans ce qui a été demandé à l’établissement », a-t-il ajouté.

Pour autant, il n’est pas question de revoir les objectifs à la baisse. « La cible de rénovation de 15 avions et des consoles de visualisation sur l’ensemble de la flotte demeure », a dit le DGA, qui a précisé qu’une étude est en cours avec Dassault Aviation pour déteminer « comment faire les ajustements nécessaires dans la répartition des charges de travail pour que les choses se passent mieux. Après, viendra le temps où il faudra se pencher sur « l’avenir en matière de patrouille maritime » et préparer ainsi l’après ATL2.

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