La question du standard des avions A400M posée « avec rudesse » à Airbus par le ministre de la Défense
Actuellement, l’armée de l’Air compte 7 avions de transport A400M « Atlas » (un 8e est attendu d’ici la fin de cette année). Et aucun ne dipose de certaines capacités opérationnelles pourtant indispensables, comme l’autoprotection, le parachutage par les portes latérales ou encore le ravitaillement en vol des hélicoptères. En outre, sur 7 exemplaires livrés, seul le dernier a la capacité de largage de parachutistes en chute libre par la rampe arrière.
Or, le ministère de la Défense s’attend « à disposer fin 2016 de six avions au standard 1.5 – donc ayant des capacités opérationnelles bien supérieures aux seules capacités de transport logistique », a souligné Laurent Collet-Billon, le Délégué général pour l’armement (DGA), lors d’une audition devant les députés dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2016.
Seulement, cela donne lieu à des discussions parfois tendues avec Airbus, le constructeur de l’A400M. La question « du standard des avions (…) a été posée avec rudesse par le ministère de la Défense à la direction d’Airbus dans le courant de l’été », a ainsi affirmé M. Collet-Billon.
« Nous demandons à Airbus de faire des efforts dans ses rythmes de développement, notamment sur les questions de parachutage, les derniers essais n’ayant pas été totalement satisfaisants, de logiciels de soute, pour extraire les charges de fort tonnage, et de mise au point du dispositif d’autoprotection », a expliqué le DGA. Quant à la capacité de ravitailler en vol des hélicoptères, elle sera abordée « dans un second temps », a-t-il ajouté.
Ces retards ont donc conduit le ministère de la Défense à acquérir 4 avions de transport tactique C-130 Hercules, du constructeur américain Lockheed-Martin, notamment pour couvrir les besoins des forces spéciales.
« S’agissant des C130, il était prévu un remplacement de la flotte après 2025, compte tenu de son âge. La question est désormais de savoir s’il ne faut pas anticiper une partie du renouvellement de cette flotte en introduisant sur les appareils que nous pourrions acquérir plus tôt des capacités de ravitaillement en vol des hélicoptères – ce qui éviterait de poser ceux-ci au sol, notamment dans les opérations sahélo-sahariennes, et d’améliorer la disponibilité des moteurs », a affirmé M. Collet-Billon.
Seulement, il faudra faire avec une ligne de crédits de 330 millions d’euros. « Or le prix de quatre C130J [la dernière version de l’appareil de Lockheed-Martin], dont deux ravitailleurs en vol est d’autant plus supérieur à ces prévisions que la logistique n’est pas analogue à celle des C130H, en service à l’heure actuelle dans l’armée de l’Air », a détaillé le DGA.
Aussi, un appel à candidatures européen a été lancé en vue d’acquérir des C-130H ayant encore du potentiel. Deux lots ont été définis pour « deux avions aptes au transport uniquement et deux avions ayant également la capacité de ravitaillement des hélicoptères ». Et M. Collet-Billon de préciser : « Nous y avons associé une demande d’information sur la capacité des fournisseurs à les transformer en ravitailleurs »
« Je n’exclus pas qu’on aboutisse à un panachage des deux solutions. Le ministre tranchera avant la fin de l’année. Si le montant prévu est supérieur à 330 millions, nous lui demanderons de nous indiquer les commandes qu’il conviendrait de décaler », a-t-il ajouté, avant de rappeler que « l’actualisation de la LPM est financée pour une partie par les crédits inscrits tardivement dans la loi et pour une autre par des économies qui doivent être trouvées dans les exécutions budgétaires des programmes 178 [ndlr, Préparation et emploi des forces], 212 [ndlr, Soutien de la politique de défense] et 146 [ndlr, Équipement des forces] ».