Le groupe jihadiste Boko Haram frappe à nouveau au Tchad

Jusqu’à récemment, le Tchad avait été épargné par les attaques suicides. Et cela même si ses forces armées prirent une part active dans l’opération française Serval, menée au Mali contre plusieurs groupes jihadistes, dont al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Seulement, depuis le début de cette année, il s’est engagé militairement dans le nord du Nigéria contre Boko Haram, une organisation jihadiste ralliée depuis à l’État islamique, qui multipliait alors les incursions meurtrières dans le sud du Niger et l’extrême-Nord du Cameroun ainsi que dans la région du lac Tchad.

Cet engagement militaire, qui a porté de rudes coups aux jihadistes nigérians, a donc exposé le Tchad à des représailles. Après deux attaques suicides commises à N’Djamena, en juin et en juillet, une troisième a visé la localité de Baga Sola, située près de la frontière avec le Nigéria, dans la région du lac Tchad.

Ainsi, le 10 octobre, peu après 15 heures, 3 kamikazes ont actionné les charges explosives qu’ils portaient sur eux sur le marché aux poissons de la ville, alors trés fréquenté. Au moins 15 personnes ont été tuées par les explosions.

Quelques minutes plus tard, deux autres kamikazes ont visé le camp de réfugiés de Kousseri, lequel, situé tout près de Baga Sola, accueille environ 6.000 déplacés ayant fui les exactions de Boko Haram dans la région du Lac Tchad. Le bilan est encore plus terrible puisque les explosions ont fait une vingtaine de morts.

Selon le préfet de Baga Sola, Dimoya Souapebe, les auteurs de ces attaques, qui, au total, ont fait au moins 37 tués, étaient deux femmes et trois enfants de « 10 à 15 ans ».

Depuis quelques mois, Boko Haram, qui se fait maintenant appeler « État islamique en Afrique de l’Ouest », lance régulièrement des raids dans le sud du Tchad.

Cela a ainsi été de nouveau le cas le 6 octobre, avec une attaque contre les forces tchadiennes à Lithie, près de la localité de Kaïga Ngouboua, située à 2 km environ de la frontière avec le Nigéria et non loin de Baga Sola.

Cet assaut a fait 11 tués dans les rangs de l’armée tchadienne, qui a assuré avoir mis les jihadistes « en déroute » en leur infligeant de lourdes pertes et « récupéré un important lot de matériel ».

Ces dernières semaines, Boko Haram multiplie les attentats dans le nord du Nigéria ainsi que dans les pays voisins, comme encore  à Diffa (Niger), la semaine passée (10 tués).

Pour s’attaquer à cette organisation jihadiste, le Niger, le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le Bénin doivent mettre sur pied une force multinationale de 8.700 soldats. Seulement, elle peine à être constituée. Annoncée opérationnelle en juillet, elle ne l’est toujours pas… Mais le président tchadien, Idriss Déby, a assuré qu’elle pourrait l’être dans le courant de ce mois.