Washington affirme que 90% des frappes russes en Syrie ont visé des groupes autres que l’EI et al-Nosra

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La présence de plusieurs acteurs n’ayant pas les mêmes intérêts, objectifs et affinités, si ce n’est leur volonté de voir tomber le régime de Bachar el-Assad, complique singulièrement la donne en Syrie.

S’il est beaucoup question de l’État islamique (EI ou Daesh) en raison de ses récentes conquêtes dans l’est de la Syrie, il ne faut pas oublier le front al-Nosra, c’est à dire la branche syrienne d’al-Qaïda, alliée au groupe salafiste « Ahrar Al-Cham », et l’Armée syrienne libre, soutenue par les Occidentaux. Et l’on pourrait également citer les milices kurdes de l’YPG, en pointe contre les jihadistes de Daesh.

Du côté du régime de Bachar el-Assad, l’on trouve des milices chiites venues d’Irak, du Liban (Hezbollah) et même d’Afghanistan, des conseillers militaires iraniens ainsi que, désormais, un important détachement des forces aériennes russes.

Depuis le 30 septembre, jour où ces dernières ont entamé leurs opérations en Syrie, le président russe, Vladimir Poutine, a affirmé qu’au moins 112 cibles avaient été visées.

Or, quand on regarde les zones qui ont fait l’objet de raids aériens, l’évidence saute aux yeux : l’État islamique a été relativement épargné par les bombardement russes étant donné qu’il n’était pas ou peu présent dans les secteurs visés.

Au 7 octobre, seulement 6 positions de l’EI ont ainsi été frappées par les bombardiers russes. Quant à celles du Front al-Nosra, c’est plus difficile à déterminer dans la mesure où ses combattants sont imbriqués avec ceux d’autres factions.

Cependant, la province d’Idlib a particulièrement été visée. Or, l’on y trouve les combattants de « l’armée de la conquête », qui rassemble à la fois des rebelles salafistes d’Ahrar Al-Cham, des jihadistes d’al-Nosra et des groupes affiliés à l’ASL.

Toujours est-il que, pour Washington, les raids aériens russes ont épargné l’EI et al-Nosra. « Plus de 90% de leurs frappes auxquelles nous avons assisté n’ont pas été contre l’EI ou des terroristes affiliés à Al-Qaïda. Elle ont été en grande partie contre des groupes d’opposition », a ainsi assuré John Kirby, un porte-parole de la diplomatie américaine.

C’est la première fois que les États-Unis donnent ainsi une estimation chiffrée des conséquences de l’intervention de la Russie en Syrie. Le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, s’était risqué dire, la semaine passé, que seulement 5% des frappes russes visaient l’EI.

« Notre inquiétude réside davantage dans l’impact de l’activité militaire à l’intérieur de la Syrie (…) à l’encontre de groupes qui ne sont ni l’État islamique ni les terroristes affiliés à Al-Qaïda », a souligné M. Kirby.

Quoi qu’il en soit, le chef d’état-major de l’armée syrienne, le général Ali Abdallah Ayoub, n’a évidemment pas la même perception. « Les frappes russes en Syrie ont permis d’affaiblir l’organisation extrémiste Etat islamique (EI) et d’autres groupes armés, de même qu’elles ont aidé les forces du régime sur le terrain », a-t-il dit, ce 8 octobre.

« Après les frappes aériennes russes qui ont diminué la capacité de combat de l’EI et des autres groupes terroristes, les forces armées syriennes ont gardé l’initiative militaire », a encore affirmé le général Ayoub, avant d’annoncer le début, ce jour, d’une grande offensive terrestre « en vue d’écraser les groupes terroristes et libérer les régions et les localités qui ont souffert du terrorisme et de ses crimes ».

Cette offensive a pour objectif la plaine de Sahl al-Ghab et probablement la ville de Jisr al-Choghour, conquise cet été par les rebelles syriens, dont ceux du Front al-Nosra, afin d’écarter tout menace sur la province de Lattaquié, l’un des derniers bastions du régime de Bachar el-Assad.

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