Les récentes violences en Centrafrique ont fait plus de 60 tués

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Le retour précipité à Bangui, le 30 septembre, de Mme Catherine Samba Panza, la présidente par intérim de la République centrafricaine, qui était alors à New York pour l’assemblée générale des Nations unies, a mis un terme aux violences qui avaient éclaté quatre jours plus tôt, après le meurtre d’un moto-taxi de confession musulmane.

Selon le ministre centrafricain de la Sécurité publique,   Dominique Saïd Panguindji, qui est aussi le porte-parole du gouvernement, ces affrontements entre groupes armés sur fond de tensions intercommunautaires et de pillage ont fait 61 tués et au moins 300 blessés.

Comptant 900 militaires français en Centrafrique en appui des casques bleus de la MINUSCA, la missions des Nations unies déployée dans le pays, la force Sangaris a expliqué que « trois niveaux de crise se sont agrégés », avec des « heurts intercommunautaires, des troubles à l’ordre public marqués par des pillages et des affrontements entre petits groupes armés, enfin des revendications de nature plus politique ».

Mais du côté des autorités centrafricaines de transition, l’on retient surtout les motivations politiques qui ont marqué ces récentes violences.

« Quels que soient les prétextes, cette énième crise est l’oeuvre d’un plan machiavélique méticuleusement préparé de longue date, destiné à marquer un coup d’arrêt au processus de paix et de réconciliation nationale ainsi qu’au processus électoral suffisamment avancé malgré le contexte particulièrement difficile », a ainsi commenté M. Panguindji.

Ccette crise qui nous a été imposée n’est autre chose qu’un coup d’Etat planifié par des ennemis de la paix et des hommes politiques en mal de pouvoir visant à renverser les institutions de la transition en vue de la mise en place d’une prétendue troisième transition (…). Les auteurs et leur complices clairement identifiés ont organisé une insurrection armée pour s’emparer du pouvoir par la force », a-t-il ajouté.

La semaine passée, Mme Samba Panza n’avait pas dit autre chose, dénonçant une « tentative de prise de pouvoir par la force » afin de « mettre un coup d’arrêt au processus électoral mais aussi de rompre le dialogue politique et le pacte républicain. »

Il est encore compliqué d’établir les responsabilités de ces violences, qui ont éclaté à un moment où la présidente de transition était absente. Difficile d’y voir qu’une simple coïncidence…

« Il n’est pas du tout impossible de voir dans ces violences la main d’hommes politiques du passé : Djotodia [ndlr, ex-chef de la Séléka], Bozizé et d’autres qui voient dans la stratégie du chaos une issue politique pour essayer de revenir aux affaires. Le fait que ces violences se soient déroulées en l’absence de la présidente de la transition, mais aussi que d’autres individus soient allés voir le président du CNT [ndlr, Alexandre-Ferdinand Nguendet] pour lui demander de reprendre en main la transition, démontre quand même qu’il y avait une volonté politique d’organiser des violences et que celles-ci sont moins spontanées qu’elles ne le laissent paraître », a en effet expliqué, à RFI, Florent Geel, directeur Afrique de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).

Deux noms reviennent fréquemment. Comme celui de François Bozizé, l’ex-président centrafricain renversé en 2013 l’ex-coalition rebelle de la Séléka. Proche de milices anti-balaka, il exigerait la tenue d’un dialogue politique avant la fin novembre, c’est à dire avant la visite à haut risque du Pape à Bangui.

L’autre nom cité est celui de Nourredine Adam, l’ex-numéro deux de la Séléka. Très discret depuis plusieurs mois, il aurait encore des contacts au quartier PK5, d’où sont parties les représailles du 26 septembre dernier contre la communauté chrétienne.

En attendant, ceux qui ont tiré de ces derniers affrontements ont gagné une manche : la tenue des élections présidentielle et législatives, le 18 octobre prochain, est compromis, en raison, toutefois, de retards dans le processus d’enregistrement électoral.

La situation en Centrafrique est regardée de près par les pays voisin, comme le Tchad, où le président Idriss Deby Itno a estimé qu’il fallait arrêter « l’éternelle transition centrafricaine », en organisant des élections avant la fin de cette année. Mieux vaut « une mauvaise élection plutôt qu’une transition chancelante », a-t-il estimé à l’issue d’une rencontre avec François Hollande, son homologue français. Et il est urgent de « régler la question des hommes en armes », a-t-il ajouté. Une critique à peine voilée à l’action des forces internationales…

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