Statu quo aux Nations unies sur le dossier syrien

Le discours que le président Poutine, devait prononcer à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies était très attendu dans la mesure où l’on comptait des précisions de sa part sur ses intentions en Syrie, surtout après le renforcement de la présence militaire russe sur les bases de Lattaquié et de Tartous.

Finalement, cet exercice n’a rien livré de fondamentalement nouveau et le chef du Kremlin a aligné ses vérités habituelles. Comme quand il a affirmé que « personne d’autre que les forces armées du président Assad combattent réellement l’Etat islamique et d’autres organisations terroristes en Syrie ».

Sur ce point, tout le monde est loin d’être d’accord. C’est le cas du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, selon qui « Bachar al-Assad ne combat pas » Daesh, « ce qui n’est pas sans poser de questions » (*)

Toutefois, ces derniers jours, c’est à dire à l’approche du discours de M. Poutine devant les Nations unies, et depuis que l’on sait que des bombardiers russes Su-24 sont présents à Lattaquié, des avions, supposés appartenir aux forces du régime syrien, ont mené plusieurs raids contre les positions de l’EI à Raqqa et à Palmyre.

Quoi qu’il en soit, et à l’instar de son homologue iranien, Hassan Rohani, le président russe a estimé que « ce serait une énorme erreur de ne pas coopérer avec ceux qui combattent frontalement le terrorisme » – donc avec le régime de Bachar el-Assad – et plaidé pour la création d’une large coalition contre l’EI, semblable à « celle contre Hitler » pendant la Seconde guerre mondiale.

De son côté, le président américain, Barack Obama, a fait savoir que les États-Unis sont « prêts à travailler avec tous les pays, y compris la Russie et l’Iran pour résoudre le conflit » syrien. Mais, a-t-il poursuivi, « nous devons reconnaître qu’après tant de sang versé et de carnages, il ne peut y avoir un retour au statu quo d’avant la guerre ».

Puis le chef de la Maison Blanche a dénoncé la logique suivie par « certains pays » consistant à soutenir « des tyrans comme Bachar el-Assad », sous prétexte que « l’alternative serait pire », avant d’en appeler à une « transition en bon ordre permettant de tourner la page Assad ».

La position exprimée par le président Hollande sur ce dossier n’a également pas bougé d’un iota. Depuis des mois, Paris plaide pour une transition politique mêlant des « éléments du régime » aux rebelles modérés. Ce qui passe par le départ de Bachar el-Assad car « on ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau ».

« Assad est à l’origine du problème et il ne peut pas faire partie de la solution », a insisté François Hollande.

« Ce n’est pas parce qu’il y a un groupe terroriste (le groupe État islamique) qui lui-même massacre, tue, viole et détruit des patrimoines essentiels de l’humanité qu’il y aurait pour autant une sorte de pardon, d’amnistie pour le régime qui a créé cette situation (…) Non! », a encore lancé le président français, qui a estimé « possible, souhaitable, nécessaire » la coalition évoquée par M. Poutine, à condition qu’elle ait une « base claire » car « sinon elle ne verra jamais le jour ».

Plus tard, MM. Poutine et Obama ont eu un entretien de 90 mn, qualifié de « constructif, étonnamment ouvert » par le chef du Kremlin. Les deux hommes auraient ainsi approuvé le principe de discussions « tactiques » entre la coalition emmenée par les États-Unis et les forces russes visant à éviter tout incident lors d’opérations menées en Syrie.

« Selon moi, il existe une base de coopération sur nos problèmes communs », a encore commenté le président russe.

(*) Audition de M. Le Drian devant les députés commission de la Défense – 30 juin 2015

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