Moscou a échangé un policier estonien contre un de ses espions

En août, le tribunal régional de Pskov (Russie) condamnait Eston Kohver, un policier estonien, à 15 ans de prison pour « espionnage, possession illégale d’arme et traversée illégale de la frontière russe », à l’issue d’un procès à huis-clos.

La condamnation de ce policier, accusé par la justice russe de faire partie de la Kaitsepolitsei, l’agence de sécurité estonienne, suscita l’indignation des responsables occidentaux. À commencer par Mme le Haut Représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Mogherini, pour qui « l’enlèvement de M. Kohver et sa détention illégale subséquente en Russie constituent une violation flagrante du droit international ».

Car les circonstances de l’arrestation de ce policier estonien demeurent peu claires. Pour les services fédéraux de sécurité (FSB), ce dernier a été interpellé en territoire russe, avec un pistolet Taurus, des munitions, 5.000 euros en liquide, du matériel d’écoute et des « documents apportant la preuve d’une mission de renseignement ». En clair, c’est tout juste s’il ne portait pas une pancarte portant la mention « je suis un espion estonien »…

Pour Tallinn, Eston Kohver a été enlevé en territoire estonien par un commando venu de Russie alors qu’il était en mission le long de la frontière pour surveiller les passages de clandestins et de contrebandiers, précisément à la hauteur du poste transfrontalier de Luhamaa.

Quoi qu’il en soit, cette étrange affaire a connu son dénouement le 26 septembre, soit un an après avoir commencé. En effet, Eston Kohver a été échangé contre Aleksei Dressen, un ancien responsable de la sécurité estonienne, condamné en 2012 à 16 ans de prison pour des activités d’espionnage au profit de la Russie. Et cela dans des conditions dignes de la Guerre froide, l’échange s’étant fait au milieu d’un pont, sur la rivière Piusa.

L’avocat du policier estonien, Mark Feigin, a indiqué, plus tard, que cet échange avait été organisé « à un niveau politique » à un moment où le la Russie cherche à « améliorer son image » avant le discours que fera le président Poutine devant le Nations unies, ce 28 septembre.

Ce qu’a en partie confirmé le ministre estonien de l’Intérieur, Hanno Pevkur, qui a affirmé que la décision avait été prise « directement » par les présidents des deux pays.

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