Trois priorités pour les forces armées britanniques

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La prochaine version de la Revue stratégique de défense et de sécurité (SDSR, l’équivalent du Livre blanc français au Royaume-Uni) sera publiée avant la fin de cette année. Mais le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, l’a longuement évoquée lors d’une allocution prononcée cette semaine devant le RUSI (Royal United Service Institute).

Par rapport à la précédente édition de la SDSR, en 2010, le constat évident fait par M. Fallon est que le monde est devenu nettement plus dangereux, avec l’instabilité au Moyen-Orient et en Afrique, une menace terroriste encore plus importante, l’émergence d’organisations comme l’État islamique, une « Russie revancharde » qui menace ses voisins en ayant recours à la « guerre hybride », une concurrence de plus en plus forte entre États et la prolifération d’armes.

Il y a 5 ans, la SDSR s’était traduite par une baisse drastique (-8%) des dépenses militaires britanniques. Il s’agissait alors de remettre l’économie du royaume sur de bons rails, quitte à trancher dans le vif pour certaines capacités jusqu’alors jugées essentielles.

Ces efforts budgétaires ont payé : la Grande-Bretagne a affiché un taux de croissance de 2,8% en 2014 (contre 0,3% en France), soit la plus forte hausse des pays du G7, et la courbe du chômage est orientée la baisse au point que c’est quasiment le plein emploi outre-Manche. Du coup, les moyens qui seront alloués aux forces armées britanniques au cours des prochaines années devraient être plus importants et leur niveau n’ira pas en deçà des 2% du PIB.

« Sécurité et prospérité sont les deux faces de la même médaille : la sécurité crée les conditions de la confiance et de la stabilité sur lesquelles notre prospérité se construit », a fait valoir M. Fallon. Et « la prospérité finance nos armées et renforce aussi notre influence », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, la prochaine SDSR mettra en avant trois priorités pour les forces britanniques. La première mettra l’accent sur les « coopérations internationales ».

« Des problèmes mondiaux exigent des solutions multinationales », a dit M. Fallon. « Nous savons que notre implication dans un effort multilatéral – en particulier l’Otan – est un multiplicateur de notre influence », a-t-il ajouté.

« Donc, a-t-il poursuivi, nous allons en faire plus pour tirer le meilleur parti de nos partenariats mondiaux ». Et « cela signifie plus de formation, plus de génération de forces et d’opérations au sein de coalitions multinationales afin d’atteindre des objectifs communs, en particulier dans l’Otan, qui reste la pierre angulaire de notre défense ».

La deuxième priorité sera d’améliorer l’efficacité des forces britanniques. Même si ces dernières devraient connaître une meilleure fortune par rapport à ces dernières années, les efforts de rationalisation se poursuivront afin d’optimiser le moindre penny. Faute de quoi, ce « serait gaspiller l’occasion en or que le chancelier (de l’Échiquier) nous a donné, c’est à dire recycler l’épargne en capacités » militaires, a fait valoir M. Fallon.

Cela passera donc par de nouveaux efforts en matière de productivité et une réforme des « méthodes de travail ». Cela « nous permettra ensuite d’investir dans le personnel, l’équipement et les technologies dont nous avons besoin pour l’avenir », a plaidé le ministre britannique.

« Nous devons être ambitieux parce que nos adversaires sont en train de rattraper », a-t-il ajouté, avant de pointer le risque d’érosion de la supériorité technologique sur laquelle est fondée la stratégie militaire britannique, ce qui risque aussi d’affecter « la valeur et la crédibilité de nos forces ».

D’où la troisième priorité avancée par M. Fallon : l’innovation. « Être efficace ne sera pas suffisant. Nous devons aussi innover », a-t-il estimé.

« Nous sommes déterminés à saisir l’occasion offerte par la SDSR pour bâtir une culture davantage prête à prendre des risques et plus ouverte au changement », a-t-il dit.

Et d’ajouter : « Nous devons faire tout notre possible pour renforcer notre structure de force, accélérer l’intégration de nouvelles technologies, adopter de nouveaux concepts et encorager les pratiques modernes de travail », avant de citer l’exemple du Dreadnought 2050, un cuirassé futuriste imaginé par de jeunes ingénieurs britanniques.

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