La France dispose de capacités offensives « encore limitées » dans le cyberespace

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Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l’a dit à maintes reprises et l’a encore répété ce 24 septembre, à l’occasion de l’ouverture du colloque international de Cyberdéfense : le cyberespace est devenu un domaine militaire à part entière.

Et pour cause : « Sur les théâtres d’opérations aussi, comme sur notre territoire, nos forces et plus largement nos moyens de défense sont directement exposées à la menace cyber », a-t-il dit.

Bien sûr, des protections et des parades sont mises en oeuvre pour déjouer les attaques, comme cela a été le cas en Afghanistan, où M. Le Drian a raconté que les liens « entre la métropole et nos drones » furent « temporairement perturbés » par des intrus. Mais il faut aller encore plus loin en ayant la capacité de mener des « frappes » cybernétiques.

« Le cyber n’est cependant plus seulement un enjeu défensif, et je voudrais (…) m’engager (…) sur un terrain dont la sensibilité n’a d’égale que l’importance qu’il revêt : je parle (…) de lutte informatique offensive », a lancé M. Le Drian.

« Pour nos forces armées, le premier enjeu est désormais d’intégrer le combat numérique, de le combiner avec les autres formes de combat. Ce nouveau milieu est devenu un domaine militaire à part entière, dans lequel il faut positionner ses forces, défendre sa puissance et y exploiter toutes les opportunités pour vaincre l’adversaire », a poursuivi le ministre.

Aussi, selon lui, une « arme informatique » doit apporter un « appui maîtrisé aux forces conventionelles » ainsi qu’un « appui tactique aux combattants » comme, par exemple, en perturbant des défenses aériennes ou en rendant aveugle des radars. Comme l’on fait les forces israéliennes lors du raid mené en septembre 2007 en Syrie, contre un complexe alors soupçonné d’abriter des activités nucléaires clandestines.

La France a-t-elle de telles armes? Jusqu’à présent, le sujet est peu évoqué sur la place publique. Mais M. Le Drian l’a assuré : elle « dipose de capacités offensives » qui « sont encore limitées ». Cependant, a-t-il poursuivi, « la voie est tracée pour leur développement ».

« Puisque nos ennemis sont aujourd’hui équipés de moyens informatiques, de communication, de surveillance, détection ou ciblage sophistiqués, il y a là pour nous une nécessité de collecter du renseignement, de cibler, parfois pour frapper », a plaidé M. Le Drian.

En outre, a-t-il fait valoir, « priver l’adversaire de ses systèmes numériques en les neutralisant ou en les leurrant, peut conférer un avantage déterminant dans une manoeuvre militaire ». Et d’insister : « la guerre de demain devra combiner le cyber avec les autres formes de combat ».

Pour appuyer son propos, M. Le Drian a osé un parallèle avec l’aviation, qui, apparue au début du siècle dernier, « a bouleversé la manière de faire la guerre ». « Il me paraît clair que nous sommes, avec le cyber, à l’aube d’un phénomène qui sera aussi structurant », a-t-il estimé. Mais sans les épopées héroïques des As de la Grande Guerre…

Deux autres raisons, oubliées par le ministre, peuvent justifier le développement de capacités offensives dans le cyberespace. La première est qu’une arme informatique peur jouer un rôle dissuasif à l’égard d’agresseurs potentiels, surtout si elle est très élaborée et donc difficile à contrer. La seconde est plus basique : on se défend mieux quand on maîtrise les modes opératoires que supposent l’acquisition de tels moyens.

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