Procès de quatre anciens légionnaires pour la mort d’un de leurs camarades à Djibouti

Il y a un peu moins de trois ans, et alors qu’ils furent mis en examen pour « actes de torture et de barbarie », le Parquet de Paris avait demandé le renvoi de 4 anciens légionnaires devant les assises pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, commises en réunion », suite au décès de Joszef Tvarusko (alias Matus Tallas), un Slovaque de 25 ans du 2e régiment étranger de parachutistes (REP), survenu à Djibouti le 5 mai 2008.

Ce jour-là, au cours d’un exercice de reconnaissance, le légionnaire Tvarusko, qui s’était plaint d’une douleur à un genou, fut victime d’un « arrêt cardiaque causé par un coup de chaleur », après avoir reçu des coups pour le forcer à marcher et être privé d’eau malgré ses plaintes répétées.

L’attitude de ses supérieurs, à savoir le lieutenant M. B, fraîchement sorti de Saint-Cyr Coëtquidan au moment des faits, un sergent et deux caporaux, a bien évidemment été mise en cause dans la mort du légionnaire d’origine slovaque.

Ils « ont eu un comportement contraire aux valeurs de l’armée de Terre et de la Légion étrangère », avait affirmé, à l’époque, le lieutenant-colonel Le Testu, alors au Sirpa Terre. Quelques mois plus tard, tous furent radiés des cadres.

Le procès de ces 4 anciens légionnaires s’est ouvert le 17 septembre à Paris, avec seulement deux accusés à la barre, le sergent et l’un des caporaux s’étant volatilisés dans la nature. Un mandat d’arrêt a été lancé contre eux. Les audiences se tiendront jusqu’au 25 septembre. Tous risquent une peine de 20 ans de réclusion criminelle.

Selon l’instruction, le décès du légionnaire slovaque aurait été à la poursuite d’un effort « disproportionné » par rapport à ses capacités. Les avocats des accusés comptent plaider des « erreurs d’appréciations » commises par leurs clients.

« Il n’y pas un coupable de la mort du légionnaire Tallas. Il y a de nombreuses responsabilités qui ont conduit à sa mort. On ne peut pas s’entraîner à la guerre sans prendre une partie des risques de la guerre », a affirmé Me Alexandre Varaut, le conseil de l’ex-lieutenant B..

Ce dernier a dit regretter son comportement, dans un entretien accordé à l’Obs. « Certes j’étais dans des conditions de contraintes, mon intention était de le stimuler pour le faire avancer et que tous mes hommes finissent l’exercice. Mais il aurait suffi que je dise ‘stop’ pour que tout le monde ait aujourd’hui une vie normale », a-t-il expliqué.

Arrivé au 2e REP en octobre 2007, le lieutenant B. était en outre inexpérimenté au moment des faits. D’autant plus que, lors de cette marche de reconnaissance, il ne pouvant pas compter sur son sous-officier adjoint (SOA), retenu ailleurs pour d’autres tâches.

« Le lieutenant n’a pu bénéficier de l’expérience d’un cadre expérimenté et s’appuyer sur ses conseils. Il convient à l’avenir de rendre impérative lors d’activités terrain la présence du SOA lorsque le chef de section est un jeune lieutenant sortant d’école », avait d’ailleurs conclu l’enquête de commandement.

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