Pour M. Hollande, des frappes en Syrie seront nécessaires

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Lors de sa dernière conférence de presse semestrielle, le président Hollande a annoncé l’engagement de l’aviation française en Syrie pour y recueillir des renseignements sur les implantations de l’État islamique (EI ou Daesh) et, éventuellement, y mener des frappes.

Quelques jours plus tard, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a précisé que la France déciderait seule de l’opportunité de procéder à des raids aériens en Syrie, c’est à dire « dans le cadre de notre autonomie de décision ». Et cela, même si un travail de coordination sera à faire avec la coalition internationale anti-EI emmenée par les États-Unis.

Le 14 septembre, à l’issue d’un entretien avec son homologue nigérian, Muhammadu Buhari, M. Hollande a estimé que ces frappes sont désormais inéluctables, après deux missions de reconnaissance au-dessus de la Syrie effectués par deux Rafale et un avion de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2).

« Nous avons annoncé des vols de reconnaissance permettant d’envisager des frappes si c’était nécessaire, et ce sera nécessaire en Syrie », a en effet affirmé le chef de l’État.

Jusqu’à présent, l’opération Chammal – nom de la participation française à la coalition – ne concernait que le nord de l’Irak. Et cela, à la demande des autorités irakiennes. Il n’était alors pas question d’intervention en Syrie dans la mesure où cela aurait pu servir les intérêts du régime de Bachar el-Assad…

Cependant, les États-Unis ainsi que plusieurs pays de la région, en particulier la Jordanie et les Émirats arabes unis, n’ont pas fait la même analyse étant donné que, dès septembre 2014, leurs forces aériennes ont bombardé des positions de l’EI et du Front al-Nosra (précisément du groupe Khorasan) en Syrie.

En outre, d’autres membres de la coalition ont par la suite suivi, comme le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni. Cette posture est logique : l’EI profite des territoires conquis en Syrie pour ensuite mener ses opérations en Irak.

Pourquoi la France a-t-elle changé d’avis? La réponse a été donnée par Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, à l’occasion de l’Université d’été de la Défense, à Strasbourg.

« Pour la France, c’est un engagement nécessaire car la donne a changé et nous ne pouvons plus nous permettre de laisser la Syrie, principal repaire de Daesh, demeurer un angle mort de notre politique au Levant », a ainsi expliqué aré M. Le Drian.

« La stabilité de ce que d’aucuns appellent la ‘poudrière du monde’ et notre propre sécurité sont intimement liées. C’est conscient de cet enjeu que le président de la République a pris la décision d’autoriser notre engagement dans le ciel syrien », a-t-il poursuivi.

« Cette évolution de posture tire les leçons d’un an de campagne de la coalition internationale au Levant. Pour nos armées c’est un engagement supplémentaire », a encore ajouté le ministre.

Un engagement supplémentaire qui, pour le moment du moins, se fait à moyens constants, l’opération Chammal mobilisant 6 Mirage 2000D/N, 6 Rafale et 1 ATL 2. Sans doute que des annonces seront faites sur un éventuel renforcement à l’occasion du débat parlementaire qui aura lieu ce 15 septembre au sujet de cet intervention en Syrie.

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