Centrafrique : Un responsable de l’ONU veut une action « plus robuste » contre les groupes armés

Le format de la force Sangaris, déployée en Centrafrique depuis le 5 décembre 2013, a été réduit lors de ces dernières semaines. Désormais, elle compte environ 900 hommes et son dispositif s’articule autour du Groupement tactique interarmes (GTIA) Centurion, composé principalement par des éléments du 1er Régiment étranger de cavalerie (1er REC), du 2e Régiment étranger d’infanterie (2e REI), du 1er Régiment étranger de génie (1er REG) et du 3e Régiment d’artillerie de marine (3e RAMa).

L’opération Sangaris aura permis d’éviter le pire alors que combattants de l’ex-coalition rebelle de la Séléka et les miliciens anti-balaka semaient le chaos dans le pays.

Au 15 juillet, les militaires français ont saisi et détruit 36 tonnes de munitions et plus de 8.000 armes de toute nature. La situation s’est améliorée à Bangui, de même que dans l’ouest du pays. Et l’action de Sangaris a facilité le déploiement des casques bleus de la Mission des Nations unis en République centrafricaine (Minusca) tout en permettant de relancer le processus politique.

Ce désengagement progressif des militaires français de Centrafrique s’est traduit, début août, par la cession de la base opérationnelle avancée de Bambari (centre-est) à un bataillon congolais de la Minusca.

Seulement, ceux qui veulent toujours en découdre n’ont pas tardé à faire parler la poudre : deux semaines plus tard, des affrontements ayant opposé des miliciens anti-balaka et d’éléments de l’Unité du peuple centrafricain (UPC), une branche de l’ex-Seleka commandée par le général Ali Darass, ont fait au moins une dizaine de tués à Bambari.

Mieux encore : la Minusca n’a pas été en mesure de garder les trois points d’entrée de la ville, passés sous le contrôle des combattants de l’UPC. « Les casques bleus continuent de patrouiller, mais selon plusieurs sources sur place, ce sont bien les ex-Seleka qui contrôlent désormais la majeur partie de Bambari », expliquait RFI, le 28 août.

 » Nous sommes préoccupés par la situation dans cette partie de votre pays, à Bambari. (…) La fermeté de nous assurer que tous les groupes néfastes seront mis hors d’état de nuire est incontestable. Et c’est bien dans ce cadre que nous évoluerons », a toutefois assuré Parfait Onanga-Anyanga, le nouveau chef de la Minusca, le 25 août.

Ces faits expliquent en partie la sortie du Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein. Lors d’un déplacement à Bangui, le 4 septembre, il s’est prononcé pour une action plus musclée face aux groupes armés qui déstabilisent la Centrafrique.

« Je pense qu’il faudrait une approche bien plus robuste envers ces groupes armés, afin qu’ils commencent à comprendre qu’ils ne peuvent impunément bafouer l’état de droit quand, où et comme ils le souhaitent », a affirmé M. Zeid, dans une déclaration faite à la presse.

« Bien que certaines personnes aient été arrêtées et inculpées de crimes, il ne s’agit que du menu fretin. Les dirigeants les plus connus qui ont tant de sang sur les mains ne sont ni arrêtés, ni poursuivis, ni jugés ni condamnés », a-t-il déploré.

« Actuellement, dans de nombreuses parties du pays, il n’y a toujours pas de procureur ni de juge. Dans certains endroits où il y a l’un, mais pas l’autre. Et dans les endroits où il y a un procureur et un juge, ils sont souvent incapables de fonctionner, car ils sont soumis à des intimidations et des menaces de la part de groupes armés ou d’autres criminels », a encore expliqué M. Zeid, avant d’en appeler à un renforcement de la Minusca, qui manque d’effectifs et d’équipements essentiels, comme les hélicoptères d’attaque.

« Les États qui ont promis mais pas encore fourni le total des contingents militaires et policiers aux forces de maintien de la paix de l’ONU (…) devraient intensifier leurs efforts car ils font cruellement défaut », a estimé M. Zeid, pour qui le désarmement [des groupes armés] doit être une « priorité absolue ».

« Les criminels et meurtriers notoires doivent être traduits en justice, quel que soit le groupe auquel ils appartiennent », a poursuivi M. Zeid. « Mais, a-t-il ajouté, pour que cela arrive, il faut que les gouvernements présents et futurs et leurs soutiens internationaux, dont ma propre organisation, accroissent leurs efforts pour mettre en place une justice qui fonctionne ».

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