La Chine a présenté le DF-21D, un missile balistique « tueur de porte-avions »

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Cela fait déjà un moment qu’il est question du missile balistique chinois DF-21D, surnommé le « tueur de porte-avions » et que l’on s’interroge sur ses réelles capacités. Et la présentation inédite d’une dizaine d’exemplaires, à l’occasion d’un imposant défilé militaire organisé à Pékin célébrant le 70e anniversaire de la capitulation japonaise, n’aura pas apporté de réponses à ce sujet.

Mais selon la description faite par l’AFP, ce DF-21D (pour Dong Feng, vent d’est) est installé sur un imposant camion à 12 roues. Son diamètre serait d’environ 1 mètre pour une longueur d’une dizaine de mètres. Nul doute que les analystes « image » sauront être plus précis.

Le DF-21D est donc un missile balistique anti-navire (Anti-ship ballistic missile, ASBM) qui, d’après le Pentagone et le ministère taïwanais de la défense, serait opérationnel depuis 2010. Sa portée est évaluée entre 900 et 1.550 km.

Un missile balistique, une fois lancé, suit une trajectoire suborbitale pour ensuite fondre vers sa cible. D’où les interrogations que l’on peut avoir à l’égard du DF-21D car s’il a été testé par l’Armée populaire de libération (APL) dans le désert de Gobi contre une cible statique représentant un porte-avions, il ne l’a jamais été contre un objectif en mouvement.

À l’automne 2014, lors d’une audition devant les députés de l’Assemblée nationale, l’amiral Bernard Rogel, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM) s’était dit sceptique à ce sujet.

« Je n’ai pas d’éléments précis sur les missiles antinavire chinois. J’en entends parler mais il me paraît difficile – je suis missilier balistique de formation – d’atteindre un bâtiment en mouvement avec un missile balistique. Mais pourquoi pas ? Les Chinois ont montré qu’ils étaient capables d’aveugler des satellites avec des lasers. Cependant, je me méfie », avait-il affirmé.

Ainsi, avant de pouvoir frapper un groupe aéronaval situé à 1.000 km, il faut pouvoir le repérer avec précision. Ce qui suppose d’utiliser un radar trans-horizon (à ondes de surface) et de croiser en permanence les données ainsi obtenues par celles recueillies par des drones ou des satellites avant de lancer un DF-21D.

Ensuite, reste le problème de la frappe en elle-même : si toucher une maquette immobile est simple, ce n’est plus du tout la même musique quand il s’agit d’un navire évoluant à 30 noeuds, doté éventuellement de capacités anti-missiles et de contre-mesures électroniques. Si le DF-21D dispose d’un radar et de capteurs optiques pour se diriger vers sa cible, il n’a, a priori, jamais été mis en oeuvre en conditions réelles. On reste donc dans la théorie.

« La menace d’un ASBM contre des navires de l’US Navy dépendra du développement des systèmes associés et des capacités de traitement de l’information. Cela fait partie d’un défi plus large dans lequel le ‘hardware’ chinois continue de s’améliorer de façon spectaculaire mais avec une incertitude sur le ‘software’ (ndlr, logiciel), qui n’a pas été testé. (…) Les fonctions C4ISR (Computerized Command, Control, Communications – Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) accusent probablement encore des lacunes pour identifier et suivre un porte-avions américain en temps réel dans des conditions de guerre », notait Andrew Erickson, auteur d’un rapport de la Fondation Jamestown concernant le DF-21D, publié en 2013.

Toutefois, avait-il ajouté, « l’amélioration des capacités C4ISR restent une haute priorité du programme de modernisation militaire de la Chine. »

Si les capacités du DF-21D sont avérées, alors l’équilibre des forces dans le Pacifique pourrait être modifié, aux dépens de la marine américaine, et en particulier de sa 7e Flotte. Un moyen de contrer la menace de ce missile balistique serait alors de briser sa « kill chain », c’est à dire la suite des actions nécessaires avant une possible frappe.

Par ailleurs, outre le DF-21D, la Chine a également présenté un autre missile balistique à portée moyenne : le DF-26. Cet engin est théoriquement capable la base américaine installée sur l’île de Guam, d’où le surnom qui lui a été donné : le « tueur de Guam ».

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