Centrafrique : Un soldat français accusé d’avoir abusé une adolescente

Cette fois, les faits reprochés à un soldat français non encore identifié et engagé dans l’opération Sangaris, en Centrafrique, semblent plus solides que ceux qui furent avancés en avril dernier pour accuser 14 autres militaires d’avoir commis des abus sexuels sur des mineurs à Bangui.

Ainsi, le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a porté à la connaissance des autorités françaises le cas d’une jeune femme, « probablement en fin d’adolescence au moments des faits », qui aurait été abusée par un soldat français. L’ONU a été informée de cette affaire le 30 août.

La victime présumée prétend que les faits ont eu lieu il y a « un peu plus d’un an ». Elle a d’ailleurs donné naissance à un enfant en avril. Il sera donc possible de faire des recoupements et de vérifier une partie de ses allégations en pratiquant des tests ADN. En revanche, en cas de résultat positif, il sera plus compliqué d’établir s’il y a eu viol ou non en raison du temps qui s’est écoulé depuis. D’ailleurs, la jeune femme a déposé une plainte pour reconnaissance de paternité auprès des autorités de son pays.

Du côté du ministre français de la Défense, une enquête de commandement a été immédiatement été ordonnée par Jean-Yves Le Drian, lequel saisira le parquet dès que d’autres éléments auront été transmis.

« Le ministère a été informé il y a 36 heures qu’il allait y avoir une communication (de l’ONU) sur des allégations d’abus sexuels mais n’a pour l’heure reçu aucune information », a expliqué une source au sein de l’entourage deu ministre, rapporte l’AFP.

« On attend que l’ONU nous donne un peu plus », a confirmé Pierre Bayle, patron de la DICoD et porte-parole du ministère. La communication des faits reprochés à ce militaire non encore identifié a été faite « oralement à l’ONU par les voies diplomatiques », a-t-il précisé. Et d’ajouter : « Nous serons totalement transparents ».

« Ceci est la dernière d’une série d’allégations effroyables d’abus et d’exploitation sexuelle par des troupes étrangères en RCA », a insisté M. Zeid, lors d’une visite à Bangui. Au passage, il aurait pu aussi pointer les milices locales qui ont mis le pays à feu et à sang quand on sait qu’elles exploitent des milliers d’enfants soldats, certains ayant même été abusés sexuellement.

« Bien que ce cas particulier ne concerne pas les Casques bleus, il y a eu un certain nombre d’autres cas en RCA – et ailleurs – qui ont impliqué les soldats de l’ONU. Nous nous devons de trouver des moyens pour empêcher ces actes odieux commis par des soldats partout où ils sont censés protéger les populations vulnérables », a ajouté M. Zeid.

Les allégations de viols portées contre les soldats étrangers déployés en Centrafrique sont effectivement devenues récurrentes (57 au total, dont 11 impliquant potentiellement des enfants) au point que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a limogé le général Babacar Gaye, qui était alors le chef de la MINUSCA.

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