La « neutralisation » d’Assad est une condition pour régler la crise syrienne, selon le président Hollande

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Lors du discours qu’il a prononcé à l’occasion de l’édition 2015 de la Conférence des ambassadeurs, le président Hollande est revenu sur l’attaque déjouée le 21 août contre le train Thalys Amsterdam-Paris.

« Nous sommes toujours exposés et l’agression qui s’est produite vendredi aurait pu dégénérer en un carnage monstrueux sans le courage de plusieurs passagers, notamment de militaires américains », a ainsi rappelé le chef de l’État, pour qui « nous devons nous préparer à d’autres assauts et donc nous protéger ».

Aussi, a-t-il ajouté, « notre sécurité se joue d’abord à l’intérieur de nos frontières, ce qui nous a conduit à décider de l’opération Sentinelle [ndlr, déploiement intérieur de plus de 7.000 militaires] mais aussi à l’extérieur de nos frontières ».

Pour le président Hollande, l’État islamique, qu’il a désigné par l’acronyme Daesh, est « le plus grand danger » car cette « organisation contrôle un vaste territoire », à cheval entre l’Irak et la Syrie, (…) dispose de ressources importantes liées à des trafics de toutes sortes, a des ramifications sur l’ensemble du globe », a-t-il souligné. Elle « enrôle, endoctrine, encadre pour tuer à une plus grande échelle », a-t-il poursuivi, avant de lancer que, « face au terrorisme, le recours à la force est nécessaire ».

L’État islamique a profité – et profite toujours – du chaos en Syrie pour avancer ses pions. Il n’est pas le seul : tel est aussi le cas du Front al-Nosra, lié à al-Qaïda, et de ses alliés.

Pour certains, il faudrait alors appuyer le régime de Bachar al-Assad afin de contrer l’expansion des jihadistes. Et cela, même si ce dernier a fermé les yeux sur leurs agissements lors de l’opération américain Iraqi Freedom en Irak entre 2003 et 2011 et d’en avoir libéré de prison peu après le début de la révolution syrienne.

Or, pour Paris, il n’est absolument pas question d’appuyer le président al-Assad contre les jihadistes. Et François Hollande l’a réaffirmé ce 25 août.

En 2013, « nous étions prêts à punir un régime qui avait utilisé – et il n’y avait aucun doute là-dessus – des armes chimiques contre sa population. L’inaction de la communauté internationale, après qu’une ligne rouge ait été délibérément franchie, a coûté cher, très cher. Daesh, qui n’existait pas alors sous cette forme en Syrie, s’est installé. Et Bachar al-Assad a continué à massacrer son peuple. Il en donne encore, hélas, quelques illustrations », a rappelé le président Hollande, en faisant une allusion aux récents bombardements de Douma, lesquels ont fait au total plus d’une centaine de tués.

« Alors, que devons nous faire? », a ensuite demandé le chef de l’État. « Nous devons réduire les emprises terroristes sans préserver Assad, car les deux ont parties liées et en même temps, il nous faut chercher une transition politique en Syrie. C’est une nécessité », a-t-il ajouté.
Justement, le 17 août, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité, et cela pour la première fois depuis deux ans, un nouveau plan pour la paix en Syrie qui prévoit l’établissement d’un corps dirigeant de « transition inclusif avec les pleins pouvoirs », formé sur la « la base d’un consentement mutuel tout en assurant la continuité (du fonctionnement) des institutions gouvernementales ».

Évoquant ce plan de paix, le président Hollande y voit un « pas important », d’autant plus que « la Russie s’y est associée » et qu’un « dialogue peut donc être engagé ». Mais, a-t-il poursuivi, encore faut-il en « fixer les conditions ». Le locataire de l’Élysée en a donné trois.

« La première, c’est la neutralisation de Bachar al-Assad. La seconde, c’est d’offrir des garanties solides à toutes les forces de l’opposition modérée, notamment sunnites et kurdes, et de préserver les structures étatiques et l’unité de la Syrie. Enfin, la dernière condition, et c’est sans doute celle qui sera décisive, c’est de mêler toutes les parties prenantes à la solution. Je pense aux pays du Golfe et je pense aussi à l’Iran », a expliqué le président Hollande.

La France cherche ainsi une solution avec des « éléments du régime afin d’éviter l’écroulement qui eu lieu en Irak par le passé », , comme l’avait expliqué Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, devant les députés, en mars dernier. Il faut « conserver au régime ses piliers si l’on veut que l’État se tienne et si l’on veut pouvoir compter sur des éléments de l’opposition dite modérée », avait-il ajouté.

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