Nucléaire : Des experts iraniens pour inspecter le site militaire de Parchin, près de Téhéran?

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Les débats portant sur l’accord de Vienne, trouvé le 14 juillet dernier par les groupe 5+1 (membres du Conseil de sécurité de l’ONU + l’Allemagne) et l’Iran, au sujet du programme nucléaire iranien, sont vifs, surtout aux États-Unis où les parlementaires du Parti républicain, ainsi que quelques élus démocrates influents, y sont hostiles.

Pour rappel, l’accord de Vienne réduit de manière significative, et pour une période donnée, les capacités iraniennes d’enrichissement de l’uranium et de production de plutonium en échange d’une levée des sanctions internationales prises depuis 2006 par la communauté internationale contre Téhéran.

Des inspections seront menées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) afin de vérifier que l’Iran tient ses engagements. Faute de quoi, les sanctions, essentiellement économiques, seront rétablies.

Tout repose donc sur ces inspections. Et cela d’autant plus que, par le passé, l’Iran a pris l’habitude de dissimuler ses activités nucléaires. Aussi, un compromis a été trouvé pour éventuellement visiter des sites militaires iraniens en cas de soupçons : ainsi, les inspecteurs de l’AIEA y auront accès après un délai de 24 jours.

En outre, parallèlement à l’accord de Vienne, des arrangements – confidentiels – sur les inspections ont été trouvés entre l’AIEA et Téhéran avant d’être approuvés par le groupe 5+1 dans le cadre de l’accord global.

Ainsi, un de ces arrangements concerne le site militaire de Parchin, près de Téhéran, dont l’accès a été refusé à l’AIEA depuis 2005. Or, ce dernier intéresse particulièrement les inspecteurs de l’agence dans la mesure où des essais de détonique y auraient été menés dans le cadre du développement d’une arme nucléaire.

Théoriquement, avec l’accord de Vienne, le site de Parchin devrait être ouvert aux inspections. Mais, d’après l’agence Associated Press, qui a eu accès à « un document » intitulé « arrangement séparé II », l’AIEA a trouvé un compromis quelque peu particulier avec Téhéran…

Ainsi, l’Iran pourrait employer ses propres experts pour inspecter le site de Parchin et donc chercher des éléments sur des activités que Téhéran a toujours réfutées. Autant demander à un mauvais élève de signer lui-même son carnet de correspondance!

Toujours selon l’Associated Press, seulement 7 échantillons pourront être prélevés à Parchin par les experts iraniens. Ces « activités seront réalisées avec du matériel iranien authentifié, en accord avec les spécifications techniques fournies par l’agence », est-il écrit dans le document en question, lequel précise que l’AIEA « garantira l’authenticité technique » de ladite inspection, sans pour autant dire comment.

Comme l’on pouvait s’y attendre, cette information a suscité des réactions indignées en Israël. « Il faut accueillir cela comme une innovation mondiale et comme une forme de pensée en dehors des sentiers battu », a affirmé Youval Steinitz, le ministre israélien des Infrastructures nationales et de l’Énergie. « On peut se demander si les inspecteurs iraniens devront aussi attendre 24 jours avant d’être en mesure de visiter le site et de chercher des éléments de preuve incriminants », a-t-il ajouté, non sans ironie.

Toutefois, si l’organisation iranienne pour l’énergie atomique a démenti l’information donnée par l’Associated Press, les autorités américaines et l’AIEA ne l’ont pas clairement réfutée.

« Les arrangements séparés de la feuille de route correspondent avec la pratique de vérification de l’AIEA et répondent aux exigences de l’AIEA », a déclaré, à Reuters, Serge Gas, un porte-parole de l’AIEA. Ce dernier a refusé d’en dire plus, par souci de confidentialité.

Quant à la Maison Blanche, qui défend bec et ongles l’accord de Vienne, elle a affiché son soutien à l’AIEA.

« Nous avons confiance dans les programmes de l’agence pour enquêter sur l’éventuelle dimension militaire d’un ancien programme iranien, une question qui remonte (…) à plus d’une décennie », a déclaré Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. « Pour ce qui concerne la surveillance de l’attitude de l’Iran à l’avenir, l’AIEA a développé le système d’inspection le plus solide jamais négocié », a-t-il ajouté.

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