Mali : La Minusma instaure une zone de sécurité autour de Kidal après des combats entre rebelles et loyalistes
Signé il y a près de deux mois à Bamako par les autorités maliennes, les groupes armés loyalistes et les rebelles touareg de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) après des mois de négociations et d’incertitudes, l’accord de paix pour le nord du Mali bat de l’aile après les combats qui ont eu lieu le 17 août dans le secteur d’Anéfis, localité située à 120 km au sud de Kidal.
Les affrontements ont opposé le Groupe d’auto-défense touareg Imghad et alliés (GATIA, loyaliste) et les rebelles de la CMA, après une série d’escarmouches lors des deux jours précédents.
A priori, le GATIA a pris le dessus. « La situation s’est stabilisée. Les combats ont temporairement cessé. Nous contrôlons actuellement la ville d’Anéfis » a indiqué Fahad Ag Almahmoud, son secrétaire général. « Nous avons récupéré des véhicules et d’importantes quantités d’armes et de munitions et aussi des véhicules. Ca fait trois jours que les hostilités ont commencé entre Anéfis et Tabankort, à mi-chemin entre Kidal et Gao », a-t-il ajouté.
En outre, le GATIA a affirmé que plusieurs chefs militaires de la rébellion touareg ont été tués lors de ces combats. Ce que la CMA n’a pas confirmé, refusant, dans l’immédiat, de donner un bilan de ces affrontements.
La saison des pluies expliquerait en partie ces combats près d’Anéfis. En cette période, a expliqué une source sécuritaire régionale à l’AFP, de « nombreuses routes sont impraticables dans le Nord pour l’organisation de trafics illicites » et l’une des rares routes praticables -se trouve justement dans le secteur où les affrontements ont eu lieu. En clair, les groupes armés s’en sont disputés le contrôle de l’axe Tabankort-Anefis.
Quoi qu’il en soit, la mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) a fermement condamné la violation de l’accord de paix et de Réconciliation Nationale signé le 20 juin dernier.
« La MINUSMA rappelle aux parties responsables de la reprise des hostilités qu’elles devront répondre de leurs actes devant le Conseil de sécurité à travers sa résolution 2227 du 29 juin 2015. Ce dernier s’est déclaré disposé à envisager des sanctions ciblées contre ceux qui s’emploient à empêcher ou à compromettre la mise en œuvre de l’Accord de Paix », a-t-elle fait savoir dans un communiqué, avant d’exhorter « les parties actuellement engagées sur le terrain a immédiatement cesser les combats ».
En attendant d’établir les responsabilités de ces affrontements, la MINUSMA a annoncé l’instauration d’une zone de sécurité de 20 km autour de Kidal. Il s’agit, a-t-elle expliqué, de « parer à toute éventualité d’une extension des combats qui pourraient affecter la population » de cette ville. Cette mesure est entrée en vigueur ce 18 août, à 8h00 et sera maintenue « jusqu’à nouvel ordre ».
« Tout mouvement à l’intérieur de cette zone de sécurité par des éléments de la Plateforme [pro-Bamako,ndlr], ou affiliés à la Plateforme, seront considérés comme constituant un danger imminent pour la sécurité de la population de la ville de Kidal », a précisé la MINUSMA, qui a aussi prévenu qu’elle agira « en conséquence, conformément à son mandat » en cas de violation de cette zone de sécurité.
Cela veut dire que les membres de groupes armés pro-gouvernementaux seront empêchés, par tous les moyens, de pénétrer à l’intérieur de cette zone de sécurité.