Décès du général pakistanais Hamid Gul, le « parrain » des talibans afghans

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Le général Hamid Gul, ancien chef de l’Inter Service Intelligence (ISI), les puissants services de renseignement pakistanais, s’est éteint le 15 août des suites d’une hémorragie cérébrale à Murree, près d’Islamabad, à l’âge de 79 ans.

Ayant rejoint l’armée dès ses 18 ans, Hamid Gul avait rapidement gravi les échelons pour devenir, en 1987, le patron de l’ISI. À l’époque, en collaboration avec la CIA, les services pakistanais soutenaient les « moudjahidines » afghans contre les forces soviétiques, quitte à miser sur les religieux les plus extrémistes et des combattants étrangers motivés par le « jihad ».

Suite au retrait de l’Armée Rouge d’Afghanistan et au désintérêt de la CIA pour la région, le général Gul eut l’idée de reproduire le même schéma pour le Cachemire indien, revendiqué par le Pakistan. Aussi, aux yeux de New Delhi, il reste le responsable  de nombreux attentats et celui qui a instrumentalisé des groupes jihadistes dans cette région contestée.

Mis en retraite en 1992, le général Gul n’en perdit pas pour autant son influence. Viscéralement anti-indien, il est dit qu’il contribua à la création du mouvement taleb afghan. Pour Islamabad, il s’agissait de pouvoir compter sur un régime favorables à ses intérêts afin de disposer, le cas échéant, d’une profondeur stratégique face à l’Inde.

Une autre motivation était que le Pakistan avait besoin d’un Afghanistan stable pour permettre les échanges commerciaux avec les républiques d’Asie centrale et, surtout, poursuivre la construction d’un pipeline devant amener du pétrole jusqu’au port de Gwadar.

Par la suite, ce soutien aux taliban afghan ne s’est jamais démenti. « L’Amérique fait partie de l’histoire. Karzaï [ndlr, l’ex-président afghan] fait partie de l’histoire. Les Taliban sont le futur », avait affirmé le général Gul, en 2010, lors d’un entretien accordé à la BBC. D’ailleurs, lors de ses nombreuses sorties médiatiques, il n’hésitait pas à épingler les États-Unis et l’Inde, coupables, à ses yeux, de tous les maux.

Visiblement, le général Gul jouissait d’une certaine popularité au Pakistan : sa page officielle sur le réseau social Facebook compte plus de 177.000 fidèles. Comme le souligne The Indian Express, « la personnalité, la carrière et la vie de Gul nous en disent plus sur le Pakistan et son armée que sur l’homme lui-même ».

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