Nucléaire iranien : Les sénateurs américains peu convaincus par les inspections de l’AIEA

Le président américain, Barack Obama, ne ménage pas sa peine pour défendre l’accord qui, signé à Vienne le 14 juillet, doit limiter pour une durée de 10 à 15 ans les capacités nucléaires de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales visant l’économie iranienne.

Le 5 août, le chef de la Maison Blanche s’est attaché à répondre aux critiques ainsi qu’aux attaques dont il a fait l’objet au sujet de cet accord, contesté par la majorité républicaine du Congrès, lors d’un discours prononcé devant l’American University.

Ainsi, pour M. Obama, il ne peut pas y avoir de meilleur compromis possible pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, en soulignant que les sanctions internationales n’avaient pas empêché Téhéran de progresser dans cette voie. Et si l’accord est rejeté par le Congrès, alors, a-t-il fait valoir, les Iraniens reprendront leurs activités, ce qui donnera lieu à une « escalade » au Moyen-Orient.

Seulement, les opposants à cet accord font valoir que la levée des sanctions internationales permettra à l’Iran – et l’ayatollah Khamenei, l’autorité suprême du pays, ne l’a pas caché – à financer davantage des organisations armées qui lui sont favorables dans la région, comme le Hezbollah au Liban et les milices chiites en Irak ou au Yémen. Ce qu’a d’ailleurs admis M. Obama. Du moins en partie car il fait le pari que l’essentiel de ces ressources supplémentaires servira à « améliorer la situation de la population » car « un régime aussi répressif que l’Iran ne peut ignorer les espoirs ».

En cas de manquement de Téhéran à ses obligations, les sanctions économiques seront rétablies via un mécanisme appelé « snap back ». Aussi, tout repose sur les inspections que l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) pourra mener en Iran.

L’accord de Vienne prévoit que, en cas de soupçon sur un site militaire, l’AIEA pourra y avoir accès à l’issue d’un délai de 24 jours. Mais la procédure contenue dans le texte ne contraint pas explicement Téhéran à accepter de voir ses lieux sensibles être ouverts aux inspections… Et cela laisse une incertitude sur ce que le régime iranien permettra ou pas dans la pratique.

Les inspections de l’AIEA sont donc cruciales, d’autant plus que, par le passé, l’Iran a caché ses activités nucléaires. Son programme n’a été découvert qu’en 2002, grâce à des informations livrées par des dissidents… Et il a fallu mettre Téhéran devant le fait accompli, en 2009, au sujet du site d’enrichissement de Fordo, construit en secret.

Aussi, des arrangements parallèles entre l’AIEA et Téhéran, confidentiels, ont été élaborés en plus du compromis trouvé à Vienne afin de se mettre d’accord sur le mécanisme des inspections. Et le directeur de l’agence, Yukiya Amano, devait les évoquer lors d’une réunion avec la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, le 5 août.

Et visiblement, les parlementaires n’ont pas été convaincus. « La majorité des membres ici sont partis avec bien plus de questions qu’ils n’en avaient avant que la rencontre ne se tienne », a ainsi déclaré, au terme de cette rencontre, Bob Corker, le sénateur républicain de cette commission. « Je peux dire de mon point de vue que je l’ai quittée bien moins rassuré », a-t-il ajouté.

« On n’arrive même pas à avoir confirmation que nous aurons un accès physique (au site de) Parchin », a encore déploré M. Corker. Pour rappel, le site en question est soupçonné d’avoir abrité des essais de détonique. Et Téhéran a toujours été réticent à autoriser les inspecteurs de l’AIEI à y avoir accès.

« Cet accord n’est pas foncièrement différent du fait de simplement appeler le guide suprême iranien, lui demander si (l’Iran) développe l’arme atomique, et prendre sa réponse si elle est négative pour argent comptant », a commenté, de son côté, le sénateur Ted Cruz, par ailleurs candidat à course à la Maison Blanche en 2016.

En outre, il n’a pas été possible à M. Amano de communiquer aux sénateurs le contenu de deux de ces arrangements parallèles, en raison d’une « obligation légale » visant à en « protéger la confidentialité ».

« La question numéro un était de savoir si nous aurions accès à ces deux arrangements et la réponse a été ‘non' », a déploré David Perdue, un autre sénateur républicain.

Côté démocrate, le sénateur Ben Cardin a estimé la réunion avec le directeur de l’AIEA « utile » mais, a-t-il tempéré, « elle ne doit pas se substituer à la consultation des documents ».

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