La zizanie chez les talibans afghans va-t-elle profiter à l’État islamique?

On ne connaît pas encore les circonstances exactes du décès du mollah Omar, le chef suprême du mouvement taleb afghan. Mais il est en revanche certain que sa succession ne se fait pas sans remous, sa famille ayant refusé de prêter allégeance à Mohammad Akhtar Mansour, désigné pour le remplacer, apparemment dans des conditions houleuses.

Ces dissensions sont souvent dues à l’appartenance des uns et des autres à des tribus différentes au sein de l’éthnie pachtoune. Il faut donc composer avec les allégeances et les alliances entre plusieurs clans.

Au début de cette année, la Defense Intelligence Agency (DIA), le service de renseignement du Pentagone, avait estimé que ce système tribal allait limiter le recrutement de l’organisation État islamique (EI), qui cherche à s’implanter au Pakistan et en Afghanistan. Mais qu’en sera-t-il si des clans devenus rivaux s’affrontent, comme cela a déjà été rapporté par la presse afghane?

Déjà, bien avant l’annonce officielle de la mort du mollah Omar, qui aurait eu lieu en 2013, quelques chefs taliban afghans ont franchi le pas et rejoint « la province du Khorasan », nom de la branche de l’EI dans la région. Avaient-il eu vent du décès de leur ex-chef?

Pour ceux qui refusent la tutelle du mollah Mansour, le ralliement à l’EI pourrait être tentant. C’est une façon d’attirer « l’attention des médias », « d’obtenir davantage de ressources financières » et « d’augmenter le recrutement », estimait, en juin, un rapport du Pentagone sur la situation en Afghanistan, pour qui la principale menace pour Kaboul reste encore le réseau Haqqani, dont le chef est devenu le numéro deux du mouvement taleb.

« Il ne fait aucun doute que la mort du mollah Omar est une bénédiction pour l’EI. Un nombre important de talibans, déjà désenchantés par le long silence de leur chef, auront désormais davantage de raisons de quitter le mouvement pour rejoindre l’EI », a estimé Michael Kugelman, chercheur à l’institut Woodrow Wilson à Washington, dont les propos ont été rapportés par l’AFP.

En attendant, les négociations de paix avec les autorités afghanes sont au point mort. Et ce sont les civils qui en paient le prix fort, avec, depuis le début de cette année, 1.592 tués et 3.329 blessés. Un record pour l’UNAMA, la mission des Nations unies en Afghanistan.

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