Les effectifs militaires français seront à nouveau réduits à Djibouti
En juillet 2014, deux députés – Gwendal Rouillard (PS) et Yves Fromion (LR) – exprimèrent leur inquiétude au sujet de l’avenir des forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj)
Étant donné que les effectifs des forces prépositionnées devaient alors être ramenés à un maximum de 3.300 hommes, les deux parlementaires, auteur d’un rapport sur le dispositif militaire français en Afrique et aux Émirats arabes unis, étaient arrivés à la conclusion que les FFDj allaient servir de « variable d’ajustement ». Et d’avancer l’hypothèse d’une réduction de 50% du nombre de soldats français affectés de manière permanente ou temporaire à Djibouti.
Lors d’une allocution prononcée à l’occasion de sa première visite aux FFDj, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a même évoqué, ce 27 juillet, l’existence de « plusieurs hypothèses ».
« J’ai pris la décision de les écarter malgré les contraintes qui pèsent sur nous par ailleurs. C’est la reconnaissance de votre travail et de la complexité de l’environnement stratégique dans lequel vous évoluez », a ainsi affirmé le ministre.
Finalement, a-t-il annoncé, dans le cadre de la réorganisation du dispositif militaire français en Afrique, et « comme l’a décidé le Président de la République, Djibouti restera la principale base de forces prépositionnées sur le continent africain par sa taille et ses moyens » et les « FFDj (…) seront un pôle de rayonnement et de coopération régionale offrant un point d’appui interarmées ouvert sur l’Océan indien, la Mer Rouge, et l’Afrique de l’Est, en étroite coordination, bien sûr, avec nos forces dans le golfe arabo-persique. »
Seulement, les FFDj vont quand même voir leurs effectifs fondre : ils passeront de 1.950 à 1.350 d’ici à l’été 2017. Pour le ministre, ce format permettra de « conserver nos capacités opérationnelles aériennes, terrestres et navales sur la durée.
Toutefois, les missions, elles, restent inchangées. Pour rappel, Djibouti est le dernier État africain avec lequel la France a une clause d’assistance militaire, ce qui suppose des moyens tant terrestres, navals qu’aériens. Le pays n’est pas à l’abris du terrorisme, comme l’a montré l’attentat qui y a été commis en mai 2014, et il a un différend avec l’Érythrée au sujet de Ras Doumeira, une zone stratégique située sur le détroit de Ban el-Mandeb.
En outre, les FFDj assurent des missions de formation au profit des forces régionales et sont susceptibles de founir des rendorts à d’autres opérations françaises, comme cela a été le cas avec le Groupement tactique interarmes (GTIA) Scorpion pour Sangaris en 2014 et, plus récemment, les aviateurs pour Chammal.
Le chiffre de 1.350 personnels n’est pas sorti par hasard d’un képi : il correspond à la limite en dessous de laquelle les FFDj ne seraient plus crédibles pour remplir leur contrat opérationnel. C’est du moins l’explication qu’avait donnée le député Rouillard l’an dernier.
Pour rappel, les effectifs des FFDj avaient été réduits lors de la précédente Loi de programmation militaire (LPM), avec le départ de la 13e Demi-Brigade de la Légion étrangère (DBLE) pour les Émirats arabes unis.
Or, Djibouti occupe une position tellement stratégique, à proximité du détroit de Bab el-Mandeb, en face du Yémen, où sévit al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), que les États-Unis y ont renforcé leur présence, le Japon y a établi une base et la Chine entend en faire de même.
Cela étant, l’annonce faite par M. Le Drian était attendue dans la mesure où lors de l’examen du projet d’actualisation de la LPM 2014-2019, les parlementaires ont adopté un amendement visant à consolider la présence militaire française à Djibouti, avec « deux composantes terrestre et aérienne et une base navale ».