Des chars turcs ont bombardé un village syrien tenu par les milices kurdes

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Longtemps réticente à intervenir contre l’organisation État islamique (EI ou Daesh) au point de ne pas prendre part aux opérations militaires de la coalition internationale emmenée par les États-Unis (alors qu’elle en est membre), la Turquie a ainsi bombardé des positions jihadistes en Syrie après un attentat suicide [ndlr, attribué à l’EI par Ankara] commis le 20 juillet à Suruç contre des militants pro-kurdes  et surtout un échange de tirs à la frontière.

Mais pas seulement… Car les chasseurs-bombardiers turcs ont également visé à plusieurs reprises, dans le nord de l’Irak, précisément dans la région autonome du Kurdistan irakien, des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation à l’origine d’une guérilla commencée dans les années 1980 et avec laquelle un processus de paix était entamé depuis 2012.

Le motif est que, après l’attentat de Suruç,  la Force de défense du peuple (HPG, Hêzên Parastina Gel, la branche armée du PKK) a revendiqué l’assassinat de deux policiers turcs, accusés de « coopérer avec le gang de l’EI à Ceylanpinar ».

Seulement, l’armée turque ne fait pas que viser le PKK. Ce 27 juillet, le village de Zur Maghar, situé dans le nord de la Syrie et contrôlé par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), a été la cible d’un « feu nourri de chars » turcs. Selon un premier bilan, il y aurait au moins 4 blessés. Une localité a également été touchée.

« Au lieu de s’en prendre aux positions occupées par les terroristes de l’EI, les forces turques attaquent nos positions de défense », ont dénoncé les YPG, dans un communiqué.

Quand la ville kurde de Kobané était sous la menace de l’EI, la Turquie était restée l’arme au pied, se contentant de déployer des unités blindées à la frontière. Finalement, les YPG eurent raison des assauts jihadistes, grâce notamment à l’appui aérien fourni par la coalition internationale.

Les YPG ont, par la suite, remporté plusieurs succès militaires contre l’EI, notamment à Aïn Issa et à Tall Abyad, en juin dernier… Ce qui n’a pas été vu d’un bon oeil à Ankara, où l’on craint de voir les Kurdes unifier les trois cantons où ils sont majoritaires, dans le nord de la Syrie.

« J’en appelle à la communauté internationale. Quel que soit le prix à payer, nous ne permettrons jamais l’établissement d’un nouvel Etat à notre frontière sud, dans le nord de la Syrie », avait ainsi prévenu, le 26 juin, Recep Tayyip Erdogan, le président islamo-conservateur turc.

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