Le chef d’un groupe lié à al-Qaïda éliminé par une frappe aérienne en Syrie
En septembre 2014, lors des premiers raids de la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh) en Syrie, un groupe appelé Khorasan, alors méconnu et par ailleurs lié à al-Qaïda, avait été également la cible de frappes américaines.
Ce groupe jihadiste, établi en Syrie et proche du Front al-Nosra, une autre branche d’al-Qaïda, était alors considéré, par James Clapper, le directeur du renseignement américain comme aussi dangereux que l’organisation État islamique dans la mesure où, comptant dans ses membres des vétérans du jihad, il cherchait à recruter en priorité des combattants occidentaux pour commettre des attentats en Europe et aux États-Unis.
« Les efforts répétés du groupe pour dissimuler des explosifs dans les avions montrent à quel point ils persévèrent à réaliser des attaques de grande envergure contre l’Occident, mais aussi leurs connaissances des systèmes de sécurité occidentaux et leurs efforts pour s’y adapter », avait aussi expliqué Nicolas Rasmussen, le directeur adjoint du Centre national de lutte contre le terrorisme, devant une commission du Sénat américain.
Quoi qu’il en soit, le chef de Khorasan, Muhsin al-Fadhli, un ressortissant koweïtien âgé d’une trentaine d’années, avait été donné pour mort après les raids menés par la coalition il y a 10 mois.
Son décès fut même annoncé via les réseaux sociaux par la mouvance jihadiste… Mais le Pentagone ne l’avait pas confirmé. « Nous voulons nous assurer qu’il ne cherche pas à, en effet, truquer sa mort et entrer dans la clandestinité », avait alors expliqué Tony Blinken, le conseiller adjoint à la sécurité nationale du président Obama.
Finalement, il s’est avéré que Muhsin al-Fadhli avait bel et bien échappé aux frappes américaines de septembre dernier… Mais pas à celle effectuée le 8 juillet près de Sarmada, dans le nord-ouest de la Syrie, alors qu’il se déplaçait en voiture. Et, cette fois, Washington vient de confirmer sa mort.
« Sa mort va affaiblir et perturber les opérations extérieures en cours d’al-Qaida contre les États-Unis et leurs alliés », a ainsi commenté le capitaine Jeff Davis, un porte-parole du Pentagone, le 21 juillet.
Le parcours de Muhsin al-Fadhli est intéressant puisqu’il illustre la complexité et l’ambiguité des relations entre al-Qaïda et l’Iran. Après les attentats de septembre 2001 et l’intervention militaire en Afghanistan, de nombreux militants d’al-Qaïda sont passés par le territoire iranien. Et, en fonction de ses intérêts, Téhéran a tantôt laissé faire, tantôt procédé à des expulsions…
Ayant fait partie de la garde rapprochée de Ben Laden jusqu’en 2001, al-Fadhli est ensuite revenu au Moyen Orient. Tout porte à croire qu’il a été impliqué dans l’attaque du pétrolier français MV Limburg en octobre 2002 (1 tué et 4 blessés parmi l’équipage) ainsi que dans d’autres attentats perpétrés contre des Marines sur l’île de Faïlaka, au Koweït.
En 2005, il a conseillé Abou Moussab al-Zarkaoui, le fondateur de ce qui allait devenir plus tard l’EI, contre les troupes américaines en Irak. Ce dernier, également passé par l’Afghanistan, fut à l’origine de l’assassinat, en Jordanie, d’un diplomate américain, qu’il commandita depuis la Syrie, où il s’était établi.
On retrouve ensuite al-Fadhli en Iran, où il serait devenu le chef des opérations d’al-Qaïda, à la suite d’Abdel Aziz Khalil Ezedin, alias Yasin al-Suri. Puis, chargé apparemment par Ayman al-Zawahiri, le successeur de Ben Laden, de tenter une médiation entre le Front al-Nosra et l’État islamique en Irak et au Levant (futur Daesh), il s’est installé en Syrie, où il a donc pris la direction du groupe Khorasan.