Avec les tensions en mer de Chine, les Philippines vont augmenter leur budget militaire de 25%

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En avril, le président philippin, Benigno Aquino, a affirmé que les revendications territoriales chinoises sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale devraient « provoquer de la peur dans le reste du monde » et que « la possibilité qu’il y ait une escalade qui échappe au contrôle de tout le monde devrait rester au premier rang des préoccupations des dirigeants internationaux ». Et pour cause : cette région est un carrefour de routes maritimes essentielles pour le commerce mondial et ses fonds recèlent probablement des réserves d’hydrocarbures.

Il faut dire que les dirigeants philippins montent régulièrement au créneau depuis quelques années pour dénoncer les agissements Pékin dans cette partie du monde. C’est à dire depuis des incursions chinoises répétées vers les récifs de Scarborough (Huangyan pour les Chinois), situés dans la zone économique exclusive des Philippines et plus de 1.000 km de la Chine.

Ces récifs de Scarborough ne sont pas les seuls à être convoités par Pékin. En 2014, la marine chinoise a ainsi empêché le ravitaillement par la mer d’une petite unité de Marines philippins en garnison sur le récif d’Ayungin (Ren’ai pour les Chinois, Second Thomas Shoal pour tout le monde), situé à 200 km de l’île de Palawan et à 1.000 km de Hainan, qui abrite les sous-marins de l’Armée populaire de libération (APL).

Aussi, Manille a renforcé ses liens militaires avec les États-Unis, établis en 1951, en autorisant le déploiement temporaire et/ou le prépositionnement de moyens militaires américains sur son territoire ainsi qu’avec le Japon.

Il y a quelques jours, l’état-major philippin a annoncé la réouverture de la base de Subic Bay, qui avait perdu son activité militaire après le départ, en 1992, des forces américaines. Sa position – elle est située dans l’ouest de l’achipel et donne sur la mer de Chine – est évidemment stratégique. D’autant plus qu’elle dispose d’un port en eaux profondes. Il y est ainsi question d’y baser un escadron d’avion d’attaque FA-50 (12 commandés l’an passé) ainsi que deux frégates.

Mais pour réagir à la prise éventuelle d’un des récifs convoités par Pékin, qui, en outre, construit des facilités militaires sur des îlots des archipel Spratleys et Paracels dont la souveraineté est également contestée, il faut pouvoir disposer de capacités de défense… que les Philippines n’ont pas vraiment (d’où les demandes régulières d’aides adressées par Manille à Washington).

Quoi qu’il en soit, le président philippin soumettra au Parlement un budget prévisionnel pour 2016 qui prévoit une hausse des crédits militaires de 25%, ce qui les portera à un montant jusqu’alors jamais atteint de 25 milliards de pesos (509 millions d’euros). Cet effort servira à financer l’achat de frégates et d’avions de surveillance.

Cela dit, par rapport aux 132 milliards d’euros [officiellement alloués aux forces armées chinoises, cette hausse des dépenses militaires philippines ne pèse pas lourd… Mais Manille peut toujours compter sur l’allié américain.

« Nous devons pouvoir protéger tout ce qui se trouve à l’intérieur de notre juridiction territoriale », a expliqué Florencia Abad, le secrétaire philippin au Budget. « Il nous faut au minimum être capables de surveiller efficacement ce qui se passe dans la région, surtout dans les zones disputées », a-t-il ajouté.

Photo : BRP Gregorio del Pilar de la marine des Philippines

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