Le soutien administratif des militaires reste un point de vigilance pour le HCECM
L’an passé, le Haut Comité d’Évaluation de la Condition Militaire (HCECM) avait dénoncé la dégradation du soutien des militaires en raison notamment de la mise en place des bases de défense et de l’application des mesures liées à la Révision générale des politiques publiques (RGPP). Il s’agissait alors de « mutualiser » les soutiens au profit de plusieurs formations appartenant le plus souvent à des armées différentes afin de faire des économies.
Depuis, une nouvelle réforme des soutiens a été lancée afin d’améliorer les services assurés par les Groupements de soutien des bases de défense (GSBdD), désormais placés sous l’autorité du Service de commissariat des armées, tout en réduisant de 20% leurs effectifs d’ici 2019.
Dans son 9e Rapport annuel, le HCECM précise qu’il s’agit de « réorganiser chaque fonction de soutien commun en filière, selon la logique du ’bout en bout' » et que « chaque filière sera organisée en un ‘front office’ chargé de délivrer des prestations (…) et un ‘back office’ renforcé, où les expertises seront regroupées ».
Seulement, pour le HCECM, cette réforme risque de ne pas donner les résultats attendus dans la mesure où elle comporte deux « risques principaux », à savoir « l’inadéquation globale entre les effectifs du soutien et les effectifs soutenus » malgré les gains de productivité espérés et un « déséquilibre entre centralisation et proximité, le projet donnant la priorité au renforcement du ‘back office' ».
« Au total, estime le HCECM, le risque encouru est celui de l’absence d’amélioration de la qualité du soutien de proximité, dont les impacts sur la vie quotidienne des militaires seraient majeurs ».
Pour améliorer le soutien, cela nécessite, ajoute le rapport, de « bien connaître les besoins des militaires et de mieux mesurer les performances de leur administration » ainsi que « simplifier et d’harmoniser les procédures » tout en préservant la proximité. « Des efforts sont certes engagés en ce sens, mais le Haut Comité considère que la maîtrise du risque est incertaine », peut-on lire.
Un autre point de vigilance du HCECM concerne le nouveau modèle du Service de Santé des Armées (SSA 2020).
« Du point de vue de la condition militaire, le maintien d’un soutien santé opérationnel performant, au plus près des combattants, est essentiel, car il leur donne l’assurance d’être pris en charge dans les meilleures conditions en cas de blessure (…). Cette garantie leur permet de s’engager sans réserve et il est clair qu’une dégradation des performances en opérations du SSA aurait un impact majeur sur la condition militaire », rappelle le Haut Comité.
Or, le rapport s’inquiéte de la réduction importante des effectifs du SSA pour la période 2014-2019 (-2.000 postes), laquelle « s’accompagne d’exigences accrues, liées à la multiplication des opérations extérieures, à la technicité croissante des actes médicaux, à un volume de patientèle constant ou en augmentation ».
Aussi, le HCECM fait remarquer que, « face à cette recrudescence des impératifs qui alourdit leur emploi du temps, certains personnes médicaux ou paramédicaux ressentent une dégradation de leurs conditions de travail et craignent le risque d’un affaiblissement des performances du Service de santé des armées ».
Pour autant, le Haut Comité considère que ce risque semble « maîtrisé », dès lors que le personnel adhère au plan SSA 2020. Toutefois, estime-t-il, les « conditions d’exécution de la réforme » et « la surcharge de travail liée à la déflation des effectifs doivent constituer un point de vigilance ».