M. Le Drian souhaite renforcer la coopération militaire entre la France et les États-Unis

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Qu’il est loin le temps où François Hollande défendait une motion de censure pour protester contre le retour de la France au sein du commandement militaire intégré de l’Otan. Décision « fâcheuse » et « inopportune » avait alors estimé le futur locataire de l’Élysée, pour qui ce retour était aussi « non seulement contraire à nos intérêts et aussi contradictoire avec la stabilité du monde ».

Et M. Hollande d’ajouter alors : « Nous allons perdre en indépendance ce que nous ne gagnerons pas en sécurité. Nous allons être entraînés sur des terrains et des opérations où nous ne voulons pas aller. Nous allons donner un autre cours à la construction européenne qui ne sera qu’un pilier du monde occidental au lieu de constituer une capacité autonome de décision ».

Plus de 7 ans plus tard, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, par ailleurs très proche de M. Hollande, a tenu un discours d’un tout autre ton lors de son déplacement aux États-Unis. « L’Otan reste la garante de la sécurité sur le territoire des alliées européens », a-t-il en effet affirmé lors d’un discours prononcé au German Marshall Fund, une institution qui fait la promotion du lien transatlantique. « L’Alliance atlantique, notre alliance, doit rester assez flexible pour relever tous les défis, et nous comptons bien défendre cette flexibilité lors du prochain sommet de Varsovie en 2016 », a-t-il ajouté.

Le ministre français a mis en avant trois défis majeurs. Le premier concerne les menaces liées à la mondialisation, dont la prolifération des armes de destruction massive (la France, a-t-il expliqué, restera « vigilante » pour que « la levée des sanctions ne permette pas à Téhéran d’intensifier ses actions déstabilisatrices dans la région », en cas d’accord sur son programme nucléaire) et, bien évidemment, le terrorisme, avec l’apparition de l’organisation État islamique (EI ou Daesh).

Le second défi n’est pas très éloigné du premier puisqu’il porte sur les « risques liés à la faiblesse des États », lesquels se sont accrus. Des régions entières sont devenues des territoires où « se développent crises, guerres civiles, menaces transnationales, à commencer par le terrorisme ». La Somalie est dans une telle configuration, de même que le Yémen ou encore la Libye, où Daesh tente de s’enraciner.

Enfin, le dernier défi évoqué par M. Le Drian est la résurgence des « menaces de la force », marquée « par une montée en puissance des dépenses militaires couplée à l’affirmation de politiques de puissances suceptibles de s’affranchir du droit international, en Asie, en mer de Chine en particulier mais aussi (…) en Europe ». Et le ministre n’y est pas allé avec le dos de la cuillère à l’égard de la Russie.

« Des frontières ont été bafouées sur le continent européen par l’annexion illégale de la Crimée par la Russie. La crise ukrainienne a ravivé le spectre des conflits interétatiques en Europe. Dans le même temps, la Russie poursuit sa modernisation militaire à marche forcée (…). Elle agite la gesticulation nucléaire de manière préoccupante, avec une légèreté qu’on ne voyait pas pendant la Guerre froide. Elle s’interroge ouvertement sur l’indépendance de nos alliés, baltes en l’occurrence. On pourrait être tenté de minimiser ces rodomontades. Le fait est qu’elles rendent difficile la reprise d’une relation coopérative, que nous souhaitons pourtant, avec la France et l’Union européenne », a fait valoir M. Le Drian.

Alors, pour répondre à ces défis, le ministre a estimé que les États-Unis et la France doivent « rester solidaires » et « unir » leurs « efforts en matière de défense et de sécurité. « La relation de défense étroite, qui lie de longue date la France et les États-Unis, constitue un pillier solide sur lequel nous pouvons nous appuyer », a avancé M. Le Drian, qui a souligné que cette coopération franco-américaine s’était « significativement renforcée depuis 2013 ».

Aussi, a-t-il continué, « les rapprochements entre nos armées sont avant tout la preuve que nous avons une appréciation commune et partagée des menaces » et que « nous n’avons pas de divergences sur le plan des intérêts stratégiques » même s’il peut y avoir « différentes priorités » entre Paris et Washington.

Mais, a poursuivi M. Le Drian, ces différences permettent « de développer une approche complémentaire dans la gestion des crises ». Et d’insister : « C’est cette approche pragmatique que nous devons promouvoir car elle nous permet d’assumer nos responsabilités et de défendre nos intérêts communs au sein d’un partenariat de plus en plus en étroit ».

Aussi, le ministre français en a appelé à un renforcement de « la complémentarité entre nos forces » ainsi qu’à un approfondissement de « notre coopération de défense dans des domaines » tels que « la cyberdéfense et le spatial ».

« L’avenir de la relation franco-américain de défense est (…) riche d’opportunités », a encore dit M. Le Drian. « Je continuerai, pour ma part, à oeuvrer à sa consolidation et à son développement », a-t-il conclu.

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