UE : Pas d’avancée notable sur les questions de défense lors du dernier Conseil européen

Les affaires de défense étaient à l’ordre du jour du dernier Conseil de l’Union européenne [ndlr, qui réunit les chefs d’État et de gouvernement] et beaucoup attendaient quelques avancées en la matière. Et ils en ont été pour leurs frais au vue des conclusions publiées à l’issue.

« La question du financement commun de la défense sera sûrement posée. (…) Ce sujet ne sera pas définitivement réglé ici, mais il va venir dans la discussion », avait ainsi affirmé Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors d’une récente audition au Sénat. Et ce dernier espérait aussi de voir évoquer le sujet des groupements tactiques de l’Union européenne (GTUE) qui, à ce jour, n’ont jamais été déployés.

« Le premier acte très important qui présente un double intérêt serait qu’un groupement tactique de l’Union européenne (GTUE), ou battlegroup, puisse être mobilisé au nom de l’Union européenne lors d’une crise. Ceci ne s’est jamais produit », avait-il dit. Et d’ajouter : « Il faut d’abord que la décision politique soit prise, et que le financement du déplacement soit acté. Ce serait là une avancée considérable. C’est ce que je suggère au Président de la République de dire lors du Conseil européen. M. Junker est d’accord sur ce point. »

En outre, au début du mois, l’Assemblée nationale a déposé une proposition de résolution européenne (*) « relative à la juste appréciation des efforts faits en matière de défense et d’investissements publics dans le calcul des déficits publics ». Surtout depuis l’opération Serval, au Mali, la France souhaiterait que les dépenses liées aux interventions extérieures qui contribuent à la sécurité de l’UE soient exclues du calcul des déficits publics.

Seulement, avec la crise de la dette grecque et la question épineuse de la prise en charge des migrants clandestins, les questions de défense ont été réduites à la portion congrue lors de ce dernier Conseil européen, lequel a en outre été perturbé par l’attentat commis en Isère.

En réalité, aucune décision nouvelle n’a été adoptée, si ce n’est de « poursuivre » les travaux « sur la stratégie de sécurité intérieure renouvelée pour l’Union européenne » ainsi que « le processus de réflexion stratégique en vue d’élaborer, en étroite coopération avec les États membres, une stratégie globale de l’UE concernant les questions de politique étrangère et de sécurité », laquelle sera soumise au Conseil européen d’ici le 16 juin 2016.

Il est aussi question de « poursuivre », là encore, « les travaux en vue de conférer à la PSDC [ndlr, Politique de sécurité et de défense commune] davantage d’efficacité et de visibilité » et de « faire en sorte qu’elle soit plus axée sur l’obtention de résultats » tout en continuant à « développer les capacités tant civiles que militaires » et à « renforcer l’industrie européenne de la défense ».

Après ces appels à « poursuivre » et à « continuer » des travaux en cours, le Conseil européen a fait quelques rappels, comme la nécessité, pour les États membres, d’un « niveau de dépenses » militaires « suffisant », de renforcer les coopérations, de faire en sorte que les « instruments de l’UE soient mobilisés afin de faciliter la lutte contre les menaces hybrides » et d’intensifier les partenariats avec « les Nations unies, l’OTAN, l’OSCE et l’Union africaine.

Enfin, cette liste se termine sur la nécessité que les « partenaires aient les moyens et les possibilités de prévenir et gérer des crises, y compris par des projets concrets de renforcement des capacités ayant une portée géographique souple ».

(*) Selon la définition donnée par l’Assemblée nationale : « Une résolution est un texte dans lequel l’assemblée concernée exprime une prise de position sur un acte donné, prise de position qui n’engage juridiquement pas le Gouvernement mais dont, de fait, il tient compte dans les négociations ».

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