Le futur drone MALE européen ne sera pas armé

Le 18 mai dernier, la France, l’Allemagne et l’Italie ont signé une lettre d’intention portant sur le lancement d’études techniques préliminaires concernant le futur drone MALE (*) européen (ou Eurodrone), dont la conception devrait être assurée par Airbus, Dassault Aviation et Finmeccanica.

Mais, à l’époque, la déclaration commune publiée à cette occasion n’avait pas précisé si cet appareil allait être armé ou non. « Une fois opérationel, le système remplira des missions de renseignement à longue distance, de surveillance et de reconnaissance avec différentes capacités de charge utile », pouvait-on alors lire.

Cette question n’est pas anodine car, outre-Rhin, on s’interroge justement sur l’opportunité d’utiliser des drones MALE pouvant être armés. Ainsi, le lieutenant-général Karl Müllner, alors chef d’état-major de la Luftwaffe, avait affirmé, en 2013, qu’il ne pouvait « pas expliquer aux soldats sur le terrain pourquoi, pour des raisons politiques, ils devraient attendre qu’un avion leur fournisse aérien un appui aérien quand un drone peut faire la même chose. »

Quoi qu’il en soit, le doute a été levé par Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors de son passage devant la commission des Affaires étrangères et des Forces armées du Sénat, dans le cadre de l’examen du projet d’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019.

« Le débat sur le concept de drone même a été quelque peu compliqué en Allemagne, mais les choses s’éclaircissent », a d’abord affirmé le ministre.

Puis, revenant plus loin sur les débats avec les partenaires du projet, M. Le Drian a insisté sur le fait que « les approches de départ étaient différentes », notamment avec la partie allemande. « J’espère que cela pourra aboutir. Nous l’avons déjà dénommé ‘Eurodrone’. Je souhaite qu’il connaisse une belle histoire », a-t-il ensuite ajouté.

Quant à savoir si ces « eurodrones » auront une capacité de frappe, le ministre a été catégorique. « Ils ne seront pas armés », a-t-il assuré en répondant à une question d’un sénateur. Et cela alors que les drones américains peuvent l’être et que les Britanniques n’hésitent pas à utiliser cette capacité, comme actuellement en Irak, où leurs MQ-9 Reaper assurent une bonne partie des frappes de la Royal Air Force.

Pour le moment, le contrat concernant ces études préliminaires, d’un montant de 60 millions d’euros, n’a toujours pas été notifié aux industriels – il devrait l’être d’ici la fin de cette année. En outre, le patron d’Airbus, Tom Enders, a d’ores et déjà prévenu que son groupe se retirerait de ce projet en cas d’ingérence trop marquée des gouvernements concernés

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