Le commanditaire de l’attaque contre Charlie Hebdo tué par une frappe américaine au Yémen
Après Hareth bin Ghazi al-Nadhari et Ibrahim al-Rubaish, deux responsables d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) qui menacèrent la France en janvier, Nasser al-Wahichi, le commanditaire de l’attaque contre Charlie Hebdo, vient d’être éliminé par une frappe effectuée le 12 juin par un drone américain au Yémen. Sa mort a été confirmée par AQPA, qui a désigné Qasim al-Rimi, jusqu’alors son chef des opérations militaires, pour le remplacer.
En réalité, Nasser al-Wahishi, 38 ans, avait la double casquette de chef d’AQPA et d’ajoint d’Ayman al-Zawhiri, le successeur d’Oussama Ben Laden à la tête d’al-Qaïda « canal historique ». Aussi, c’est un sérieux coup qui vient d’être porté à cette organisation.
Lors des attentats du 11 septembre 2001, al-Wahishi était l’ordonnance de Ben Laden en Afghanistan. Ayant quitté ce pays après l’intervention militaire emmenée par les États-Unis, il fut arrêté en Iran avant d’être transféré, deux ans plus tard, au Yémen, d’où il était originaire. Remis en liberté, il succéda à Ali Qaed Sunian al-Harthi, l’un des organisateurs de l’attentat contre l’USS Cole, tué par une frappe de drone américain en novembre 2002.
Une nouvelle fois arrêté au Yémen, al-Wahishi parvint à s’évader dans des conditions rocambolesques de la prison de haute sécurité de Sanaa en 2006, avec 22 autres détenus. Par la suite, fort de son ancienne proximité avec Ben Laden, il s’imposa à la tête d’AQPA, la branche d’al-Qaïda considérée comme étant la plus dangereuse par les services de renseignement occidentaux.
En 2009, il fut le commanditaire de la tentative d’attentat contre le vol Amsterdam-Détroi et de l’attaque de Fort Hood, menée par un psychiatre de l’armée américaine de confession musulmane, radicalisé par l’imam al-Aulaqui, une figure d’AQPA à l’époque.
Un an plus tard, la branche yéménite d’al-Qaïda envoya des colis piégés avec du PETN dissimulés dans des cartouches d’imprimante à la communauté juive de Chicago. Mais le complot fut découvert à temps. Peu après, elle lança le magazine « Inspire », qui, diffusé par Internet, donnait des directives et des conseils aux candidats jihadistes.
En avril 2014, al-Wahishi, dont la tête avait été mise à prix à 10 millions de dollars par Washington, fut repéré dans une vidéo de propagande montrant un rassemblement inédit de combattants d’AQPA au Yémen. À cette occasion, il avait promis que la » guerre contre les Croisés allait se poursuivre partout dans le monde ».
Récemment, il s’était opposé à Abu Bakr al-Baghdadi, le chef du groupe État islamique (EI ou Daesh), qui, par ailleurs, cherche à s’implanter au Yémen.