Le RICM, un centenaire toujours d’attaque

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« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », fait dire Pierre Corneille à Don Rodrigue, dans le Cid. Une affirmation démontrée par le RICM, qui est l’un des régiments les plus « jeunes » de l’armée de Terre tout étant le plus décoré de France.

Créé officiellement le 9 juin 1915 à partir de trois bataillons coloniaux marocains, le Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc (RICM) ne tarde pas à s’illustrer lors des grandes batailles de la Première Guerre Mondiale.

Le 24 octobre 1916, le régiment, avec d’autres unités, se lance à l’assaut du Fort de Douaumont, près de Verdun, qu’il reprend aux Allemands en quelques heures, au prix de 852 tués ou blessés, dont 23 officiers.

Ce fait d’armes sera succintement résumé par le Décret du 13 novembre 1916 portant sur l’attribution de la Légion d’honneur au drapeau du RICM : « Renforcé du 43e bataillon sénégalais et de deux compagnies de Somalis, a enlevé d’un admirable élan les premières tranchées allemandes ; a progressé ensuite sous l’énergique commandement du colonel Régnier, brisant suc­cessivement la résistance de l’ennemi sur une profondeur de deux kilomètres. A inscrit une page glorieuse à son histoire en s’emparant d’un élan irrésistible du fort de Douaumont, et conservant sa conquête malgré les contre-attaques répétées de l’ennemi ».

Par la suite, le RICM s’illustrera à nouveau dans d’autres batailles, dont les noms sont inscrits en lettres d’or dans les plis de son drapeau : la Marne (1914-1918), la Malmaison (1917), Champagne (1918), l’Argonne (1918), etc. Au total, au cours de la Grande Guerre, le régiment aura perdu 15.000 marsouins (tués ou blessés) et sera resté fidèle à sa devise : « Recedit Immortalis Certamine Magno » (Il revint immortel de la grande bataille).

Après quelques années passées en garnison en Rhénanie, le RICM est envoyé, en 1925, à la demande du Maréchal Liyautey, au Maroc pour être engagé dans la guerre du Rif. Il y gagnera la croix du mérite militaire chérifien, décernée par le Sultan marocain.

Lors de la campagne de France de mai-juin 1940, et malgré l’armistice annoncé par le maréchal Pétain, le RICM lance une contre-attaque le 24 juin près de La Haye-Descartes, devant Châtellerault et réussit à bousculer sérieusement les troupes allemandes pour un dernier baroud d’honneur… Au cours des combats, le régiment a subi des pertes sévères, avec 600 tués, blessés et disparus.

Dissout en août 1940 selon les conditions de l’armistice, le RICM est reformé à Rabat en novembre de la même année. Puis, transformé en régiment blindé de reconnaissance, il intégre la noubelle 9e Division d’infanterie coloniale (DIC), créée en juillet 1943 en Afrique du Nord avant de devenir, plus tard, l’une des composantes de la Première Armée française du général de Lattre de Tassigny.

C’est ainsi que le RICM participera au débarquement en Provence (août 1944), avant de s’illustrer dans les combats de la Libération. Il sera le premier régiment français à atteindre le Rhin, le 20 novembre 1944. Son comportement au feu lui valent deux nouvelles citations à l’ordre de l’armée ainsi qu’une décoration américaine, la Distinguished Unit, pour son attitude lors des combats de la trouée de Belfort, Mulhouse et Seppois-le-Bas.

La Seconde Guerre Mondiale à peine terminée, le RICM par pour l’extreme-Orient et l’Indochine. Ses composantes prendront part à la plupart des opérations majeures qui y seront menées. Le 2e peloton de son 1er escadron sera ainsi engagé à Dien Bien Phu. Au total, 15 citations seront attribuées à ses différentes unités. Et le régiment en gagnera 5 nouvelles, au prix de 1.300 marsouins mis hors de combat.

À partir de 1956, le RICM est affecté en Algérie, où, là encore, il participera aux opérations menées par l’armée française. Deux ans plus tard, il prend son appellation actuelle et devient le « Régiment d’Infanterie Chars de Marine ». Il retrouve la métropole en 1963 et tient d’abord garnison à Vannes (jusqu’en 1996) puis à Poitiers.

La guerre d’Algérie terminée, s’ouvre alors l’ère des « opérations extérieures » (opex). Le RICM est ainsi engagé, en 1978, au Tchad (opération Tacaud), et participe à un groupement français, en outre composé par les 3e RIMa et 11e RAMa, qui en déroute les rebelles du CDR d’Acyl Ahmat à Abéché. Dans le même temps, le Régiment est sollicité pour envoyer des éléments au Liban (au titre de la Finul) et en Centrafrique (opération Barracuda).

Dans les années 1990, doté de chars AMX-10 RC, le RICM participe à l’opération Tempête du Désert (Division Daguet) visant à libérer le Koweït, alors envahi par l’Irak de Saddam Hussein. Plus tard, il fournit des unités au bataillon français de Sarajevo, en ex-Yougoslavie, puis il est engagé au Rwanda (opération Turquoise). En 2004, principale composante du Groupement tactique interarmes (GTIA) de l’opération Licorne, en Côte d’Ivoire, il perd 5 hommes lors du bombardement de Bouaké par l’aviation loyale au président Gbagbo (adjudant-chef Barathieu, adjudant-chef Capdeville, sergent-chef Delon, sergent Derambure, caporal Decuypère) et compte une trentaine de blessés.

Enfin, plus récemment, le régiment a été envoyé en Afghanistan (opération Pamir) où il a perdu le caporal-chef Hervé Guinaud en janvier 2011, et pris part aux opérations Serval, au Mali, et Sangaris, en Centrafrique, où il a déploré la disparition du caporal Damien Dolet.

À la fin de l’année 2014, le régiment a connu trois retours d’opérations extérieures (Djobouti, Centrafrique, Côte d’Ivoire). Il doit bientôt être « projeté » dans la bande sahélo-saharienne (BSS) dans le cadre de l’opération Barkhane.

Actuellement, le RICM compte 6 escadrons (3 de combat, 1 de commandement et de logisitique, 1 de reconnaissance et d’intervention, 1 de réserve). Dans le dossier de presse publié à l’occasion de son centenaire, l’on peut lire que sa « richesse tient avant tout à la qualité des marsouins et cadres qui le servent. Conscients d’appartenir à une communauté humaine soudée, les marsouins du RICM ont pour unique ambition de faire aussi bien que leurs aînés et de valoriser ainsi l’héritage qu’ils ont reçu. Compétence et astuce, élégance et exemplarité, tels sont les exigences qu’impose de servir sous les plis de son drapeau ».

En cent ans d’existence, le RICM s’est vu décerner 19 citations, la Légion d’Honneur ainsi que la Médaille Militaire, sans compter les distinctions étrangères. Et il est intervenu dans 15 pays différents au titre des opérations extérieures.

Photo : Char AMX-10 RC du RICM en action (c) Ministère de la Défense

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