Avant de rentrer en France, les militaires de Sangaris feront un détour par la Crète

En décembre dernier, deux députés, Émilienne Poumirol et Olivier Audibert-Troin, chargés d’établir un rapport sur la prise en charge des militaires blessés avaient avancé que 12% des personnels du premier mandat de l’opération Sangaris ont présenté des « déséquilibres psychologiques ». Ce chiffre n’a pas été officiellement confirmé par le Service de santé des armées.

Mais d’après le quotidien Le Monde, qui cite les chiffres donnés à l’occasion du 3e séminaire sur les troubles de stress post-traumatiques (TSPT), la cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre (CABAT) reçoit, par mois et en moyenne, 7 nouveaux soldats ayant servi en Afghanistan et une quinzaine en Centrafrique.

Les militaires ayant été engagés dans l’opération Sangaris ont donc été amenés à vivre des situations extrêmement difficiles, en étant confrontés quotidiennement à la mort et à une menace diffuse et permanente. Ils ont pu être exposés à des scènes insoutenables lors de massacres commis par les groupes armés (anti-Balaka et ex-Séléka), voire même par la foule. Des cas de cannibalisme ont même été rapportés. La difficulté de protéger les civils face à des fous armés a pu provoquer, chez certains, un sentiment de culpabilité. À cela s’ajoute le rythme opérationnel très intense, avec des conditions de vie pour le moins spartiates.

D’où l’importance d’un sas de décompression pour les personnels venant d’être relevés. Ce dispositif vise, pendant 3 jours, à détecter les éventuels cas de TSPT et surtout à permettre aux militaires de mettre des mots sur ce qu’ils ont vécu.

Dans leur rapport, Mme Poumirol et M. Audibert Troin avaient préconisé de pérenniser ce sas de décompression en garantissant son financement. « L’apport du sas est indéniable en matière de détection et de prévention des conduites à risque et des troubles psychiques. Sa fonction d’apaisement est un accélérateur du retour à la normale », avaient-ils souligné.

Dans son compte-rendu sur l’actualité de ces derniers jours, le ministère de la Défense a indiqué que « lors des prochaines relèves, les militaires de Sangaris qui quitteront » la Centrafrique « passeront par un sas de décompression en Crète. » Et d’ajouter : « Cette nouvelle structure remplace celle de Dakar qui avait accueilli les précédents mandats de retour de Répblique centrafricaine ». L’ouverture de ce sas est récente puisque le marché a été attribué à la société Gelakis LTD le 5 mai dernier, pour une durée d’un an, reconductible 2 fois.

Par ailleurs, le dispositif de l’opération Sangaris est en train de se resserrer autour de Bangui. Trois hélicoptères ont été désengagés et les forces françaises ont cédé les emprises de Bria et de N’Délé à la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA). Selon les plans annoncés par le président Hollande au début de cette année, il est prévu de réduire la présence militaire française à environ 800 hommes d’ici l’automne prochain, Sangaris devant alors devenir une force de réaction rapide destinée à appuyer les casques bleus en cas de nécessité.

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