Le ministre indien de la Défense dit ne pas envisager de commander plus de 36 Rafale… avant de se rétracter

En janvier 2012, le Rafale de Dassault Aviation remportait l’appel d’offre M-MRCA (Medium Multi-Role Combat Aircraft), aux dépens de l’Eurofighter Typhoon. Il s’agissait alors de livrer, à l’Indian Air Force, 126 appareils, dont 108 devaient être assemblés en Inde dans le cadre d’un vaste transfert de technologies.

Au vu de la complexité des négociations, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a finalement pris la décision de commander, de gouvernement à gouvernement, 36 Rafale fabriqués en France lors de récent passage à Paris. En effet, l’Indian Air Force, aux prises avec des lacunes capacitaires, ne pouvait pas se payer le luxe d’attendre davantage.

Passer de 126 appareils à seulement 36 laissait supposer qu’une prochaine commande allait être passée une fois que la première honorée. En effet, entretenir une micro-flotte (2 escadrons) n’a pas beaucoup de sens en plus d’être financièrement coûteuse.

Toutefois, il est compliqué d’avoir une idée précise des intentions indiennes. En avril, le ministre indien de la Défense, Manohar Parrikar, avait suggéré qu’il y aurait une autre commande de Rafale. Puis, la semaine passée, il a tordu le cou à cette hypothèse.

« En achetant 36 Rafale à un prix inférieur par rapport à l’appel d’offres pour 126 avions, j’ai économisé le coût de 90 Rafale. Nous allons utiliser cet argent pour acheter des LCA Tejas », a ainsi affirmé M. Parrikar. « Le Rafale n’est pas destiné à remplacer le MiG-21 », a-t-il ajouté. Cette orientation serait ainsi conforme au slogan « Make in India », avancé par le gouvernement indien.

Mais il faut aussi garder à l’esprit que les déclarations du ministre ont été faites alors que des négociations sont en cours entre Paris et New Delhi pour contrat annoncé en avril… Ainsi, le 26 mai, lors d’un entretien télévisé, M. Parrikar a démenti les propos qu’il avait tenus une semaine plus tôt. « Je ne dis pas que nous allons acheter plus de Rafale, je ne dis pas que nous n’en n’achèterons pas plus », a-t-il déclaré.

Cela étant, le programme du LCA (Light Combat Aircraft) a été lancé en 1983, justement afin de remplacer, à terme, les Mig-21 de l’IAF. Seulement, il a rencontré de sérieuses difficultés de mise au point, en raison du fait, notamment, qu’il s’agit du premier avion de combat développé par l’industrie aéronautique indienne, exception faite du HAL HF-24 Marut conçu dans les années 1960, avec le concours d’ingénieurs allemands.

Le premier avion de série (version Mk.1) a été livré au début de cette année, soit 14 ans après vol inaugural du prototype. Une autre version, dotée d’un moteur General Electric F414 plus puissant, sera prochainement mise en service. Seulement, cet appareil n’est pas totalement opérationnel.

Selon un rapport d’audit soumis récemment au Parlement indien, le HAL Tejas aurait 53 importantes lacunes, en particulier dans le domaine électronique. Le document pointe également l’augmentation de la masse de l’appareil, une capacité d’emport interne de carburant réduite, un manque de protection de l’équipage, une vitesse en deçà des attentes. Ces défauts, qui « limitent l’efficacité opérationnelle et la capacité de survie » de cet avion, sont censés être corrigés avec la version Mk II.

À nouveau des problèmes avec les SU-30 MKI

L’IAF, qui n’est pas en mesure d’aligner le nombre d’escadrons de chasse prévu par son contrat opérationnel, doit en outre composer avec les problèmes techniques de ses Su-30 MKI d’origine russe. Un de ces appareils – une fois de plus – a été perdu dans un accident le 19 mai dernier. Depuis 2002, les forces aériennes indiennes ont perdu 6 exemplaires de cet avion.

« Nous ne pouvons pas clouer au sol la flotte [ndlr, de Su-30 MKI] après chaque accident », a commenté M. Parrikar, selon Zeenews. En mars, le responsable indien avait fait état de problèmes techniques récurrents avec les moteurs AL-31FP de cet appareil, 35 pannes ayant été constatées entre 2013 et 2014.

 

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