Le nom donné à l’opération irakienne visant à reprendre Ramadi fait polémique

La progression fulgurante du groupe État islamique (EI ou Daesh) en juin 2014 s’explique en partie par le ressentiment des populations sunnites à l’égard du pouvoir central irakien dominé par les chiites. Sans cela, il lui aurait été impossible de s’emparer, sans coup férir, de la ville de Mossoul et de ses 2 millions d’habitants.

Aussi, les forces irakiennes, composées en majorité par des soldats de confession chiite, sont le plus souvent vues comme une armée d’occupation dans les territoires à dominante sunnite, comme peut l’être la province d’al-Anbar.

Cette situation a justifié les réticences de Bagdad à avoir recours aux Unités de mobilisation populaires (Hachd al-Chaabi en arabe), c’est à dire les milices chiites, pour défendre la ville de Ramadi, la capitale de la province d’al-Anbar, tombée aux mains de l’EI. Mais après ce revers, Bagdad a changé son fusil d’épaule.

Ainsi, une contre-offensive, menée par ces Unités de mobilisation populaire a été lancée pour tenter de reprendre Ramadi en encerclant les jihadistes de l’EI . Le problème est que le nom donné à cette opération – Labayk ya Hussein! (À tes ordres Hussein!) – ne va pas convaincre les sunnites des bonnes intentions des autorités irakiennes… étant donné qu’Hussein est l’un des imams les plus vénérés par les chiites.

« Je pense que cela n’aide pas », a estimé le colonel Steven Warren, un porte-parole du Pentagone. « Nous avons toujours dit que la clé pour la victoire, la clé pour expulser l’EI de l’Irak est un Irak unifié, qui se débarrasse de ses divisions communautaires, se mobilise contre la menace commune », a-t-il ajouté.

Cette préoccupation est la même pour Paris, qui a appelé Bagdad à mener une politique plus « inclusive ». « C’est ce contrat qui avait justifié notre engagement militaire. Je dis clairement ici qu’il doit être désormais mieux respecté », a affirmé Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères.

Sans doute plus surprenant encore, l’appellation de cette opération a aussi été critiqué par Moqtada al-Sadr, l’influent chef chiite irakien qui dispose de sa propre force paramilitaire, appelée Saraya al-Salam.

« Ce nom [Labayk ya Hussein, ndlr], va être mal compris », a-t-il affirmé, ce 27 mai. « Hussein est un symbole national et un prince du jihad (la guerre sainte) mais nous ne voulons pas qu’il soit utilisé par l’autre camp pour dire qu’il s’agit d’une guerre confessionnelle », a-t-il fait valoir, avant d’estimer que « Labaik ya Anbar » (À tes ordres Anbar ») aurait été plus approprié.

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