Paris et Moscou négocient la résiliation du contrat « Mistral »

En décembre dernier, et au vu de la situation dans le sud-est de l’Ukraine, où des séparatistes sont soutenus par la Russie, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait déclaré que la France « ne pourrait jamais livrer » les deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC), commandés par Moscou en 2011 pour 1,2 milliard d’euros.

À l’époque, le président Hollande avait décidé de « surseoir jusqu’à nouvel ordre » à la livraison du BPC Vladivostok. Du coup, le navire est actuellement à quai à Saint-Nazaire, pendant que le second, le Sebastopol, a entamé ses essais en mer.

Côté russe, le président Poutine a affirmé, depuis, que la livraison de ces deux navires lui importait peu. « Le refus de livrer les navires conformément au contrat est un mauvais signe bien sûr, mais du point de vue du soutien de nos capacités de défense, je vais vous le dire franchement, c’est sans importance », a-t-il fait valoir, en avril, lors d’un entretien télévisé. Et d’ajouter : « Nous n’avons pas l’intention d’exiger des pénalités excessives, mais il faut que les pertes que nous avons subies soient remboursées ».

Comme la France ne veut pas livrer des navires dont la Russie n’a, apparemment, plus besoin, la conclusion s’impose d’elle-même : le mieux serait donc d’annuler le contrat signé il y a bientôt 4 ans.

Selon le quotidien russe Kommersant, Paris aurait ainsi proposé à Moscou de résilier « officiellement » le contrat des 2 BPC. Dans les négociations en cours, la partie française a proposé le remboursement de 785 millions d’euros à condition de pouvoir revendre les navires à un pays tiers. La somme proposée est inférieure de 105 millions par rapport à ce que Moscou a déjà déboursé pour ce contrat. À quoi tient cette différence?

Pour le Kremlin, il n’est pas question d’autoriser une quelconque revente des BPC tant que la France n’aura pas payé 1,163 milliard d’euros (soit quasiment le montant du contrat) au titre du préjudice subli par la marine russe.

« La proposition de remboursement formulée par la France ne nous convient catégoriquement pas, ce dont le vice-premier ministre Dmitri Rogozine a informé la partie française », a indiqué une source « proche du dossier » au quotidien Kommersant. Toutefois, Paris et Moscou comptent trouver un accord d’ici la fin du mois.

Reste à voir à qui la France pourrait revendre ces deux BPC… Des parlementaires américains avaient proposé, en novembre, que l’Otan les prenne en compte… Ce qui ne sera pas possible, faute de moyen. Plus tôt, deux chercheurs de l’Institut allemand des Affaires internationales et de sécurité (SWP), avait évoqué l’idée d’un rachat par l’Union européenne. « Ces navires pourraient par exemple être soumis au commandement naval conjoint de la Belgique et des Pays-Bas, qui n’aspirent pas à des ambitions maritimes hégémoniques et qui ont l’habitude de coopérer. Le personnel militaire serait issu de toutes les armées européennes », avaient-ils avancé.

Il y a quelques jours, à l’occasion du passage à Shangaï du BPC Dixmude, dans le cadre de la mission Jeanne d’Arc 2015, la presse chinoise a lancé la rumeur d’un éventuel rachat par Pékin des BPC russes… Rumeur totalement infondée en raison de l’embargo sur les ventes armes à la Chine. Qui plus est, étant donné les revendications territoriales de l’Empire du Milieu, les alliés de la France dans la région Asie-Pacifique goûteraient fort peu une telle opération.

L’Argentine (qui n’a pas d’argent mais qui convoite les Falklands/Malouines), l’Australie (qui a refusé le BPC Mistral en 2007), l’Égypte (dont on ne voit pas ce qu’elle en ferait), le Portugal (qui rachètera le TCD Siroco) ou bien encore les Pays-Bas (qui ont déjà HNLMS Karel Doorman) font partie des pays qui ont été cités parmi les clients potentiels. Mais la piste la plus crédible reste encore celle du Canada.

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