Doutes sur l’essai nord-coréen d’un missile balistique mer-sol

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Le 9 mai, la Corée du Nord a affirmé avoir réussi le tir d’un « puissant missile stratégique sous-marin », lequel avait été développé « à l’initiative personnelle du Commandant suprême de l’Armée du peuple », c’est à dire Kim Jong-Un. Et le quotidien officiel du régime, le Rodong Sinmun, de diffuser des photographies de cet essai, avec un « commandant suprême » tout sourire.

Par la suite, le ministère sud-coréen de la Défense a fait état de ses « préoccupations sérieuses » et appelé Pyongyang à cesser son programme de missile mer-sol balistique stratégique (MSBS).

« La Corée du Nord est dans l’étape préliminaire pour le développement de MSBS », a souligné Kim Min-seok, le porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense, selon l’agence Yonhap. Et d’ajouter : « Les pays avancés ont aussi eu besoin de quatre ou cinq ans pour un développement réel de ce type de missile pour un essai depuis un sous-marin ».

Quant au ministre sud-coréen de la Défense, Han Min-Koo, il s’est montré intransigeant. « Nous userons de représailles impitoyables afin de rompre le cycle de leurs provocations », a-t-il affirmé. « Réagir à la provocation, c’est que le peuple ordonne », a-t-il continué.

En effet, une marine nord-coréenne ayant la capacité de lancer des missiles balistiques mer-sol dotés de têtes nucléaires remettrait en cause la sécurité régionale, voire même celle des États-Unis.

En tout cas, il est clair que Pyongyang mène un programme allant dans ce sens, ce qui lui procurerait une capacité de seconde frappe. Cependant, il lui faudra acquérir des technologies qui lui font actuellement défaut et commencer par mettre au point un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) extrêmement discrets, comme le sont ceux mis en oeuvre par la France, les États-Unis ou encore la Russie. Pour le moment, la Corée du Nord est en train de mettre au point un nouveau submersible, apparemment inspiré des modèles à propulsion diésel-électrique yougoslaves Heroj et Sava, dont la conception remonte aux années 1960.

S’agissant du tir présumé d’un MSBS par la Corée du Nord, certains experts ont fait part de leurs doutes, en estimant qu’il s’était plutôt agi d’un test de la séquence d’éjection d’un missile et non un lancement proprement dit, l’engin en question ayant parcouru quelques centaine de mètres seulement.

En outre, un responsable américain de la Défense a indiqué, rapporte l’AFP, que « ce n’était pas un missile balistique », sans donner plus de précisions. La Corée du Nord « essaie de développer » une telle capacité mais il n’y a pas de « menace imminente » de la voir se doter d’un tel savoir-faire.

« Nous ne pensons pas qu’ils [ndlr, les Nord-Coréens] puissent développer un système perfectionné, ressemblant même de loin à nos missiles balistiques lancés par sous-marins », avait récemment estimé John Schilling, un expert du secteur aérospatial lors d’une conférence à Washington. « Mais s’ils peuvent mettre un missile sur un sous-marin, même si c’est un missile de courte ou moyenne portée, alors cela compliquerait évidemment nos efforts pour suivre à la trace tous leurs missiles », avait-il ajouté.

L’institut américano-coréen de l’université John-Hopkins, qui suit de près les activités militaires de la Corée du Nord, est quasiment sur la même ligne. « Si la potentielle capacité nord-coréenne à lancer des missiles balistiques depuis un sous-marin ne doit pas être ignorée, elle ne doit pas être exagérée. »

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