Ukraine : L’Otan affirme que les séparatistes ont accru leurs capacités militaires

La chancelière allemande, Angela Merkel, l’a affirmé le 10 mai, lors d’un déplacement à Moscou : il n’y a toujours pas de cessez-le-feu dans le sud-est de l’Ukraine, malgré son entrée en vigueur depuis les accords de Minsk-2, obtenus en février dernier.

« Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de cessez-le-feu en Ukraine », a en effet déclaré Mme Merkel. « Tous les jours, nous recevons des rapports de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui expliquent de manière objective pourquoi le cessez-le-feu n’est pas respecté », a-t-elle continué.

« On ne peut pas dire qu’une partie respecte les conditions de l’accord à 100%, et l’autre ne les respecte pas », a encore fait valoir la chancelière. « C’est un processus très compliqué. Nous espérions qu’un cessez-le-feu serait obtenu. Mais malheureusement, cela n’a pas été le cas », a-t-elle déploré.

Le même jour, lors d’un discours prononcé à l’occasion du 70e anniversaire de la libération de Lorient, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a estimé que la « manière dont la Russie s’est affranchie des règles du droit international pour annexer la Crimée et alimenter le séparatisme en Ukraine constitue (…) un défi sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale ». Et d’ajouter : « Le retour de la guerre sur notre continent, au seuil de l’Union européenne, est une perspective inacceptable ».

Le lendemain, au cours d’une conférence de presse, le secrétaire général de l’Otan, l’ancien Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, a indiqué que les séparatistes avaient accru lers capacités militaires dans l’est de l’Ukraine (Donbass).

« Nous avons observé ces dernières semaines et mois un soutien continu de la Russie aux séparatistes, avec des armes lourdes, de l’artillerie, des systèmes sophistiqués de défense anti-aérienne, de l’entraînement mais aussi des forces », a précisé M. Stoltenberg

« Ils ont la capacité de lancer de nouvelles attaques à très court terme. (…) Bien sûr, personne ne peut dire quelles sont leurs intentions. Mais c’est avec une grande inquiétude que nous avons observé cet accroissement régulier », a-t-il ajouté.

« Il y a eu un renforcement russe à la fois le long de la frontière entre la Russie et l’Ukraine et dans l’est de l’Ukraine avec un flux régulier d’équipements, de chars, d’artillerie, de munitions », a  aussi indiqué M. Stoltenberg. « Nous appelons la Russie à retirer son soutien aux séparatistes en violation des accords de Minsk signés en février, qui prévoient un cessez-le-feu, à respecter la frontière et à user de son influence sur les séparatistes pour qu’ils respectent les accords de Minsk », a-t-il affirmé.

Il serait intéressant de connaître l’estimation de la Direction du renseignement militaire (DRM), qui, l’an passé, et son patron, le général Christophe Gomart, n’avait pas confirmé les informations alarmistes données par le général américain Philip Breedlove, le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR). D’après ce dernier, une invasion du Donbass par la Russie était imminente. Or, il n’en a rien été.

Cependant, le contexte a évolué depuis. Dans le dernier hors-série du mensuel DSI (*), Philippe Langloit, chargé de recherche au CAPRI, écrit : « La situation dans l’est de l’Ukraine est gelée aux termes des accords de Minsk. Mieux encore, ces derniers prévoient un retrait de l’artillerie qui était la principale force à la disposition de Kiev. En cas de ‘dégel’ dans l’est, Moscou et les séparatistes pourront donc s’appuyer sur un combat d’infiltration qu’ils maîtrisent mieux que Kiev, tout en ayant eu le temps de fortifier leurs positions ».

(*) DSI HS n°44 – « Influence, PSYOPS et propagande : Pénétrer le cerveau adverse »

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