Méditerranée : L’Union européenne ébauche sa réponse militaire face aux passeurs de migrants clandestins

Le 23 avril dernier, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne ont évoqué le lancement d’une éventuelle opération militaire pour identifier, voire détruire, les bateaux utilisés par les passeurs de migrants clandestins en Méditerranée, lesquels opèrent depuis les côtes libyennes.

Les modalités de cette opération militaire seront présentées le 11 mai prochain par Mme le Haut Représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Mogherini, au Conseil de sécurité des Nations unies.

Ce dernier devra se prononcer sur un projet de résolution présenté notamment par la France et le Royaume-Uni visant à donner une légitimité internationale à cette opération de l’UE destinée à arraisonner les navires utilisés par les passeurs dans les eaux internationales. Et cela, par la force si nécessaire.

En effet, en l’état actuel des choses, il n’est pas légalement possible aux navires militaires qui seront engagés dans cette opération de naviguer dans les eaux territoriales libyennes ou d’arraisonner un bateau battant pavillon d’un pays tiers sans mandat international.

Seulement, cette option militaire contre les trafiquants ne fait pas l’unanimité. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon l’a récemment rejetée. Et certains pays membres de l’UE ont quelques réserves au sujet de possibles frappes aériennes visant à détruire les bateaux utilisés par les passeurs. En outre, cela pourrait compromettre les efforts faits en vue d’obtenir la formation d’un gouvernement d’unité nationale en Libye.

Aussi, il serait question d’adopter une « approche graduelle », d’après les confidences de diplomates rapportées par l’AFP. Il s’agirait d’abord de commencer par une mise en commun des renseignements obtenus sur les trafiquants.

« Il faut faire plus pour tracer les réseaux : quels sont les noms des personnes, qui parle à qui, a-t-on des photos? », a expliqué un diplomate. Pour cela, il faudrait une surveillance aérienne et déployer des capteurs pour intercepter les communications.

L’enjeu est ainsi de pouvoir identifier les bateaux utilisés pour remorquer jusqu’en haute mer les embarcations sur lesquelles se sont entassés les migrants et qui sont ensuite laissées à la dérive avant d’être éventuellement repérées par les forces navales européennes (en particulier italiennes).

Quant à la possibilité de détruire les bateaux des passeurs, la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité – donc, avec un droit de veto – y est formellement opposée. « Nous ne pouvons soutenir quelque chose qui irait aussi loin que détruire des navires sans décision judiciaire ou accord de l’Etat dont la navire bat pavillon, cela violerait le droit international », a prévenu Vladimir Chizhov, l’ambassadeur russe auprès de l’UE. « Les détruire, ce serait aller trop loin, les arrêter est autre chose », a-t-il ajouté.

Si le Conseil de sécurité donne son aval au projet de résolution qui lui sera soumis dans quelques jours, alors les modalités de cette opération – dont le quartier général serait installé en Italie – devraient être acceptées par les ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense lors d’une réunion conjointe prévue le 18 mai prochain. Restera ensuite à régler une question toujours fâcheuse : celle du financement.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]