Le montant des surcoûts des opérations extérieures atteindra probablement le milliard d’euros en 2015

Comme chaque année, les crédits budgétaires initialement prévus pour financer les surcoûts des opérations extérieures (soit les dépenses qui n’auraient pas été faites sans intervention) seront nettement insuffisants.

En 2014, avec les opérations dans la bande sahélo-saharienne (Serval puis Barkhane), au Moyen-Orient (Chammal), au Liban (Daman) ou encore en Centrafrique (Sangaris), la note avait été de 1,127 milliard d’euros alors que la Loi de finances initiale avait prévu 450 millions seulement.

Et pour cause! Par exemple, et comme l’a récemment souligné le général Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre, « un véhicule de l’avant blindé (VAB) fait, en France 1.000 kilomètres par an; il faisait 1.000 kilomètres par mois en Afghanistan; il en fait 1.000 par semaine au Mali. Cela donne un ordre de grandeur de l’usure des matériels »…. Et des coûts que cela suppose (essence, entretien mécanique, etc). Cela vaut pour les blindés comme pour les hélicoptères, qui souffrent particulièrement au Sahel.

Cette année, et il ne faut pas lire dans le marc de café pour s’en douter, ce devrait être quasiment la même chose. Invité de BFM Business, ce 4 mai, le secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert, a affirmé que, quand on regarde les « années antérieures » et « s’il n’y a pas (…) de modification substantielle, nous serons probablement autour d’un milliard de dépense sur les opérations extérieures ». Le tout en soulignant qu’il était compliqué d’estimer dès le mois de mai ce que devrait être la facture totale.

« Ces OPEX sont toujours couvertes en fin d’année par, soit le ministère de la Défense lui-même, soit l’ensemble des ministères qui se partagent, si j’ose dire, l’addition, la Défense en prenant d’ailleurs sa part », a poursuivi M. Eckert. « Nous avons un certain nombre d’engagements du ministre de la Défense d’en prendre sa part et peut-être même un peu plus que sa part », a-t-il ajouté.

Déjà que, d’après des propos tenus en mars par Michel Sapin, le ministre des Finances, le ministère de la Défense aura à sa charge les surcoûts de l’opération intérieure Sentinelle, qui coûte un million par jour, il ne faudrait pas trop charger la barque…

Normalement, quand le total des surcoûts « OPEX » dépasse la somme fixée en Loi de finances initiale, il est fait appel à la réserve de précaution interministèrielle, à laquelle contribuent tous les ministères en fonction de leur importance (20% pour celui de la Défense).

Cette réserve, constituée grâce à des gels de crédits, est sollicitée à chaque fin d’exercice quand il s’agit de financer des dépenses imprévues. Or, il n’y a pas que les surcoûts OPEX… En 2014, le collectif budgétaire de novembre devait aussi prendre en compte une hausse des dépenses sociales (aide médicale d’État, RSA, allocations diverses, etc…) ainsi que le Refus d’apurements communautaires (PAC) pour 352 millions.

Dans l’absolu, les surcoûts OPEX devraient être supportés intégralement par l’ensemble des ministères étant donné que les armées interviennent au nom de la France, pour la sécurité de tous.

Quant à l’idée d’exclure le coût des opérations extérieures des calculs du déficit public, M. Eckert a affirmé que la France n’en avait pas « formellement » fait la demande aux autorités européennes. Mais, a-t-il ajouté, « il y a des débats au niveau des chefs d’État ».

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