Le Pentagone fait les yeux doux à la Silicon Valley

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Comme annoncé, le Pentagone a dévoilé sa nouvelle stratégie [.pdf] en matière de cyberdéfense le 23 avril. Il s’agit du second document de référence du genre depuis 2011. En introduction, ce dernier souligne que « le recours de plus en plus fréquent aux cyberattaques à des fins politiques est une dangereuse tendance dans les relations internationales » et que des systèmes vulnérables sont de nature à encourager des acteurs étatiques ou non à frapper les États-Unis ainsi que leurs intérêts. Ce qui, lors d’un conflit, peut donner à un potentiel adversaire un avantage stratégique.

Aussi, cette nouvelle stratégie fixe trois missions à l’US Cyber Command, le commandement militaire américain en charge de ces questions. La première est bien évidemment de défendre les réseaux informatiques du Pentagone. La seconde vise à protéger les infrastructures critiques des États-Unis (comme peut l’être un réseau de distribution d’électricité ou d’eau potable par exemple). Enfin, la dernière est de fournir des « capacités cyber » pour soutenir des opérations militaires. En clair, de riposter.

Pour cela, le Pentagone veut bâtir et maitenir une force capable d’assumer ces missions et d’établir des alliances et des partenariats avec les autres administrations, le secteur privé et les forces alliées.

Mais surtout, il s’agit d’empêcher les cyberattaques par la dissuasion. Concrètement, il s’agit de faire comprendre aux assaillants éventuels que leurs actions n’auront qu’un effet limité, voire nul.

Comment? Tout simplement en renforçant la sécurité des systèmes afin de rendre toujours plus compliquées les intrusions dans les réseaux et en tablant sur la résilience (et la redondance) de ces derniers. Et si, malgré tout, cela ne suffit pas, il restera encore la possibilité de riposter en perturbant les réseaux militaires adverses avec des cyber-armes. Il est aussi sous-entendu que cette riposte pourra également se faire avec des capacités conventionnelles. Mais, dans un cas comme dans l’autre, elle se fera « dans le respect des lois internationales ».

« Les Etats-Unis doivent être en mesure de déclarer ou d’afficher des capacités d’intervention efficaces pour dissuader un adversaire de lancer une attaque », est-il écrit dans le document.

D’ici 2018, l’US Cyber Command devra compter plus de 6.000 experts, répartis en 133 équipes. Or, pour le moment, il est encore loin d’avoir atteint ses objectifs, les jeunes développeurs préférant se tourner vers le privé, où le salaire est autrement plus élevé qu’une solde dans l’armée.

D’où le déplacement d’Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense, dans la Silicon Valley, le même jour où la stratégie du Pentagone en matière de cyberdéfense a été diffusé. Lors d’un discours prononcé à l’Université de Stanford, il y a fait écho en révélant l’intrusion de « pirates russes » dans un des réseaux non confidentiel du Pentagone, laquelle été détectée « en moins de 24 heures ».

« Après avoir acquis des informations utiles sur leur tactique, nous avons analysé leur activité de réseau, établi le lien avec la Russie, et nous les avons expulsés, d’une manière qui minimise leurs chances de pouvoir revenir », a-t-il expliqué.

Cela étant, l’objectif de ce déplacement est séduire le milieu de la haute technologie américaine et de recruter des ingénieurs et des techniciens qui seraient mobilisables régulièrement pour des opérations de cyberdéfense. « Jusqu’à 2.000″ de ces volontaires pourraient ainsi venir renforcer la cyber-force du Pentagone en cas de crise », avait expliqué Eric Rosenbach, le secrétaire adjoint à la Défense pour ces questions.

En outre, le Pentagone va ouvrir un bureau de représentation dans la Silicon Valley afin  d’identifier les innovations prometteuses mais aussi et surtout de nouer des relations avec les entreprises qui y sont implantées.

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