Pour le secrétaire américain à la Marine, l’avenir appartient aux drones de combat

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Les propos qu’a tenus le secrétaire américain à la Marine, Ray Mabus, lors d’un discours prononcé à l’occasion de la conférence Sea-Air-Space 2015, ne manqueront pas de susciter le débat sur l’avenir de l’aviation de combat… Et des pilotes.

Selon lui, le F-35C (la version navale de l’appareil développé par Lockheed-Martin) « devrait être – et même sera certainement – le dernier chasseur-bombardier avec un pilote à bord que l’US Navy achètera » et que ce type d’avion sera remplacé par des drones de combat furtifs, capables d’effectuer des frappes aériennes de façon autonome, comme le prévoit le programme UCLASS (Unmanned Carrier Launched Surveillance and Strike).

Dans le même temps, M. Mabus a annoncé la création d’un nouveau poste de vice-secrétaire adjoint de la Marine pour les systèmes d’armes  pilotés à distance ainsi qu’un bureau spécialisé dans ce domaine. Toutefois, il a estimé que les avions de supériorité aérienne – avec un équipage à bord – seront encore nécessaires pour assurer la protection d’un groupe aéronaval.

Dans le domaine des drones de combat embarqués, les États-Unis ont pris de l’avance avec le démonstrateur X-47B de Northrop Grumman. Cet engin est en effet capable d’être mis en oeuvre depuis un porte-avions et il vient de montrer qu’il est aussi en mesure d’être ravitaillé en vol. Étant donné que le F-35C devrait rester en service jusqu’aux années 2050, il y a encore de la marge avant de voir se réaliser la prédiction de Ray Mabus.

Il est vrai, que, au vu des sommes dépensées pour la mise au point du F-35, le développement de son successeur devrait être hors de prix si l’on en croit la loi de Norman Augustine.

« Le coût unitaire des produits aéronautiques militaires a crû à un rythme étonnant et intenable tout au long de l’histoire. Considérons l’exemple des avions tactiques. Comparant l’évolution du coût unitaire par rapport au temps, […] nous observons que le coût d’un avion tactique a été multiplié en moyenne par 4 tous les dix ans. En extrapolant le budget de la défense selon les tendances de ce siècle, on découvre qu’en 2054 la courbe du coût d’un avion rejoindra celle du budget. Ainsi, au rythme actuel, le budget de la défense entier ne permettra d’acheter [en 2054] qu’un seul avion tactique », dit-elle.

En outre, le recours à des drones de combat – autonomes comme l’est le X-47B – permettrait de ne pas exposer la vie des pilotes et de revoir la configuration des porte-avions. Cependant,  outre les considérations éthiques qui se poseront, et même s’ils pourront exécuter toute une série de tâches (frappes sur des objectifs préalablement identifiés, suppression des radars de défense aérienne adverses, brouillage, renseignement), ils ne pourront pas effectuer toutes les missions actuellement assurées par des chasseurs bombardiers « classiques », notamment pour tout ce qui touche à l’appui aérien rapproché. Et, ne bénéficiant pas de supériorité aérienne, ils seront probablement vulnérables.  Toutefois, s’agissant de ce dernier point, le Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations estime que l’aptitude d’un drone de combat (UCAV) « à s’approcher des aéronefs adverses pour les identifier ou les engager sans compromettre sa survivabilité est à évaluer » et elle « dépendra du type de capteurs et d’armements embarqués ainsi que des capacités cinématiques ».

Cependant, il faudra aussi composer avec les évolutions technologiques à venir qui permettront de trouver une parade à ces drones de combat. Ainsi, par exemple, l’amiral Jonathan Greenert, le patron des opérations de l’US Navy, estime que le concept de « furtivité » est sur-estimé. « Si quelque chose se déplace rapidement et perturbe les molécules de l’air et émet de la chaleur, alors ce sera détectable », a-t-il dit, en février dernier.

Quoi qu’il en soit, pour son prochain budget, le Pentagone a demandé des crédits pour la mise au point d’un avion de 6e génération destiné aussi bien à l’US Air Force (F-XX) que pour l’US Navy (F/A-XX). Il s’agit, pour cette dernière, de trouver un successeur aux F/A-18 Super Hornet actuels. Tout ce que l’on sait pour le moment est que ce futur appareil devra être ne mesure d’opérer depuis un porte-avions et fournir une suprématie aérienne, tout en ayant des capacités de frappe dans un environnement A2AD (anti-access/area denied). Mais aura-t-il un équipage à bord?

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