Soldes : Et pendant ce temps, le système de paiement des soldes « Louvois » continue à faire des siennes…

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Dans l’attente de l’arrivée du logiciel « Source Solde », il faut bien continuer à composer avec le système Louvois (Logiciel unique à vocations interarmées de la solde), responsable d’innombrables dysfonctionnements dans le paiement des salaires des militaires, en particulier ceux de l’armée de Terre. Ces derniers doivent faire face à des « moins-versés » ainsi qu’à des « trop-versés », et donc à une situation inextricable.

Quand le montant inscrit sur votre bulletin mensuel de solde est moins élevé que prévu (quand il n’est pas égale à zéro!), cela créé évidemment des problèmes en cascade, à commencer avec votre banquier. Inversement, quand vous touchez plus que prévu, vous aurez à rembourser le trop perçu. Cependant, cela provoque des soucis avec l’administration fiscale ou bien encore avec les organismes sociaux, qui peuvent supprimer des aides à cause du dépassement de seuils en deçà desquels des prestations sociales sont ouvertes.

« Pour ce qui est de Louvois, celui-ci est à peu près maîtrisé même si ses effets négatifs perdurent », a ainsi confié le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), lors d’une audition au Sénat. « Je ne vous cache pas que le logiciel continue à bugger, mais on l’a entouré d’une interface homme-machine efficace », a-t-il ajouté.

« Nos hommes n’ont aujourd’hui plus peur d’avoir une solde à zéro. C’est peut-être dit brutalement, mais c’est la réalité. Ils savent qu’un double comptage est réalisé à la main ; en dessous d’un certain plancher et au-delà de 10.000 euros, somme tout à fait anormale pour un militaire, un mécanisme se met en place pour éviter les moins perçus ou les trop-perçus », a encore fait valoir le CEMAT.

Pour autant, a continué le général Bosser, le « nombre de dysfonctionnements, dont les trop-perçus font partie, est extrêmement élevé ». Une première campagne de régularisation portant sur 56.000 dossiers a été menée. Une seconde, portant sur 120.000 cas, est en cours.

« Le vrai problème vient du fait que nos personnels n’ont pas forcément les moyens d’identifier les erreurs de solde, dont la plupart sont insidieuses. Ils ne sont pas toujours en train de gérer leur compte, et sont parfois partis en opération. Ce sont alors les conjoints qui s’occupent des comptes et font les déclarations de revenus. Or, quand il faut déclarer des trop-perçus qui les font sortir des minima sociaux auxquels ils avaient droit, cela leur pose un problème administratif énorme. Ils préféreraient presque ne rien percevoir plutôt que de percevoir trop d’argent », a expliqué le général Bosser.

Et « c’est encore pire lorsqu’ils enchaînent, comme en ce moment, les opérations », a-t-il poursuivi. « Imaginez le travail du ministère des finances pour reconstituer financièrement le parcours de l’intéressé! Les officiers remontent alors leurs manches, et emmènent le militaire à l’hôtel des impôts pour y mener eux-mêmes les discussions », a-t-il ajouté.

S’agissant des trop-versés, le CEMAT a précisé qu’un « véritable dialogue entre le Trésor public et les régiment » a été instauré. « Les choses se passent plutôt bien », a-t-il dit. « Le système est donc stabilisé, mais c’est comme un grand brûlé : on a l’impression qu’il est cicatrisé, et si on lui souffle dessus, il hurle! », a-t-il continué.

Pour éviter de souffler sur ce grand brûlé qu’est Louvois, toute la chaîne de commandement est mobilisés, avec en plus les spécialistes des ressources humaines des régiments « qui sont intégrés dans les compagnies, auxquels j’ajoute ceux des groupements de soutien de base de défense et le personnel servant au Centre expert des ressources humaines et de la solde (CERHS) de Nancy », qui tourne avec 730 personnels, dont 240 contractuels. Et c’est sans compter sur 55 consutants privés, dont, a indiqué le général Bosser, la « mission s’échève cette année.

« En somme, le CERHS cumule les effectifs des centres territoriaux d’administration et de la comptabilité (CTAC) d’antan pour assurer le service de la solde et la correction des effets du dysfonctionnement de Louvois », a souligné le général Bosser. Beau gâchis!

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