Israël dénonce la livraison prochaine du système russe de défense aérienne S-300 à l’Iran

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Il en était question depuis plusieurs semaines et le président russe, Vladimir Poutine, a tranché : il a signé, le 13 février, un décret annulant l’interdiction de livrer à l’Iran le système de défense aérienne S-300. Cette mesure avait été prise en 2010 par Dmitri Medvedev, son prédesseur au Kremlin.

Un an plus tôt, le quotidien Haaretz avait indiqué que le principe de la non livraison des sytèmes S-300 à l’Iran avait été décidé en échange de la vente à la Russie de drones israéliens. Il s’agissait alors pour l’industrie russe de rattraper son retard dans ce domaine.

Pour rappel, le S-300 (S-300VM pour l’exportation) est capable de suivre simultanément une centaine d’objectifs et de détruire une douzaine de cibles (missiles, aéronefs) à 200 km de distance et à une altitude de 30.000 mètres.

Pour expliquer sa décision, M. Medvedev avait mis en avant la résolution 1929 du Conseil de sécurité des Nations unies, laquelle interdit toute livraison à l’Iran de « chars de combat, de véhicules blindés de combat, de systèmes d’artillerie de gros calibre, d’avions de combat, d’hélicoptères d’attaque, de navires de guerre, de missiles et de lanceurs de missiles ».

En 2011, estimant, au contraire, que le système S-300, à vocation défensive, n’était pas concerné par la résolution 1929, l’Iran avait porté l’affaire devant la Cour internationale d’arbitrage pour contester la décision de M. Medvedev et demander un dédommagement de 4 milliards de dollars.

Depuis, un accord-cadre sur le programme nucléaire iranien a été trouvé à Lausanne, le 2 avril. Il vise à empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire en échange d’une levée des sanctions internationales. Toutefois, un accord définitif reste encore à finaliser. Mais au vu des récentes déclarations du président Rohani et du guide suprême de la Révolution, l’ayatollah Khamenei, l’entreprise s’annonce compliquée. En outre, la Russie et l’Iran ont récemment convenu de renforcer leur coopération militaire bilatérale « en raison d’intérêts communs ».

Autant d’éléments qui ont donc conduit le président Poutine à finalement autoriser la livraison de systèmes S-300 à Téhéran, qui en avait fait la commande en 2007 pour 800 millions de dollars.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a expliqué que « les S-300 ont un caractère exclusivement défensif et qu’ils ne constituent aucune menace pour les Etats de la région, y compris évidemment pour Israël ». À noter que Moscou ne dit pas la même chose quand il est question de déployer une batterie anti-missile Patriot en Pologne. Passons.

Quoi qu’il en soit, la décision de M. Poutine a été dénoncée en Israël, où l’on avance régulièrement l’option militaire contre le programme nucléaire iranien. « Cette annonce est le résultat direct de la légitimité accordée à l’Iran avec l’accord en cours de préparation, et la preuve que la croissance économique qui suivra la levée des sanctions (internationales) sera exploitée par l’Iran pour s’armer et non pas pour assurer le bien-être du peuple iranien », a ainsi estimé Youval Steinitz, le ministre israélien des Renseignements.

« Au moment ou l’Iran prend ses distances chapitres après chapitres de l’accord-cadre, la communauté internationale commence déjà à procéder à des allègements des sanctions prises contre Téhéran », a poursuivi M. Steinitz. « Au lieu d’exiger de l’Iran de cesser ses activités terroristes auxquelles il se livre au Moyen-Orient et dans le monde, on lui permet de s’équiper d’un armement moderne, ce qui ne peut que renforcer son agressivité », a-t-il encore ajouté.

Aux États-Unis, le Pentagone a aussi critiqué la livraison de S-300 à Téhéran. « Notre opposition à ces ventes est ancienne et publique. Nous pensons que ces ventes n’aident en rien dans le contexte des relations avec l’Iran », a dit le colonel Steven Warren, son porte-parole. « Toute vente de technologies avancées (à l’Iran) est source de préoccupation pour nous »,  a-t-il continué. « Les objections que nous avions avant que Moscou ne décide d’interdire ces ventes sont toujours valables », a-t-il conclu.

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